Le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, va réunir ce samedi 15 novembre les 48 responsables des mouhafadhas au siège du parti. Programmée depuis une quinzaine de jours, cette réunion intervient alors que la grogne suscitée chez un certain nombre de militants, mécontents de la stratégie mise en oeuvre en perspective d'un élargissement du nombre de mouhafadhas actuel et d'un renforcement conséquent de la mainmise de Saadâni sur le vieux parti, est en train de fermenter lentement et sûrement. Jusque-là, les contestations étaient à la fois diverses et disparates, que ce soit dans leur forme ou dans leur impact prévisible. Chose évidente, leur division reste aussi profonde que peut être farouche leur détermination à parvenir à la destitution de celui qu'ils considèrent, unanimement, comme un usurpateur. Chaque faction est convaincue de sa légitimité et de sa majorité dans les instances du parti (comité central) et dans les deux chambres du Parlement. Demeure la question, décisive, des mouhafadhas instrumentalisées de facto par l'équipe en place. Bousculées par la démarche de Saâdani qui entend baliser la voie du prochain congrès au point de la rendre royale, les factions contestataires n'ont pas d'autre choix que de redoubler d'efforts, et dans l'urgence, pour parvenir à la destitution «légale» de leur adversaire commun. Il leur reste en effet deux mois à peine pour empêcher Amar Saâdani de conclure un essai triomphant, la tenue du congrès lui conférant la latitude de concocter un nouveau comité central d'où seront expulsés tous ceux qui s'opposent à sa stratégie, voire à sa personne. Et qui dit nouveau comité central dit nouvelles instances dans et hors du parti, ce qui assurera la pérennité du secrétaire général en dépit de toutes les incertitudes qui pèsent sur la situation du pays. Parmi les mesures de rétorsion dont dispose Saâdani, il y a la commission de discipline qui va sans doute s'employer à valider les décisions d'exclusion et de mise au ban du parti des éléments jugés les plus actifs et les plus dangereux parmi les contestataires, avec la confirmation, au passage, de la sentence prononcée en son temps contre les ministres réfractaires, coupables de l'éviction de Belkhadem, puis rangés à ses côtés pour évacuer Saâdani. En témoignent les premières invectives, les couteaux sont bel et bien tirés et, dans les jours qui viennent, il n'y aurait rien d'étonnant à ce que partisans et adversaires de Saâdani aillent s'employer à utiliser tous les moyens, y compris ceux de l'intox et de la cabale, pour tenter de se discréditer, et par-là même se disqualifier, les uns les autres. Sur ce terrain-là, ils ont tous été à la même école, rendant le pronostic malaisé, même si, a priori, le clan Saâdani paraît avoir pris, depuis quelque temps, une certaine longueur d'avance.