Il sera même question de la création d'une banque de développement et de l'unification des cartes d'identité et des permis de conduire. Jadis réduite à un «syndicat de chefs d'Etat» l'Union du Maghreb arabe, serait-elle repartie du bon pied après plusieurs années d'hibernation? Tout porte à le croire, puisqu'au terme de leur dernière réunion dans la capitale libyenne, les ministres maghrébins des Affaires étrangères ont décidé de passer à l'essentiel, lors du prochain Sommet de Tripoli, à savoir, répondre aux attentes des peuples de la région, comme cela a été clairement spécifié lors du Sommet de Zeralda, qui a vu la naissance de l'UMA. Après moult échecs, en raison de l'entêtement du royaume chérifien à vouloir à tout prix inscrire la question du Sahara occidental à l'ordre du jour, le ton paraît être désormais à la raison. Car, non seulement les participants ont mis au point une stratégie de rapprochement autour des questions concrètes, mais surtout ont décidé à l'unanimité de mettre de côté la question du Sahara occidental. «Les pays membres ont décidé de ne pas lier la question du Sahara occidental à la réactivation des instances de cet organisme», avait déclaré le chef de la diplomatie libyenne, Abderrahmane Chelgham, à l'issue de la réunion des ministres des A.E des pays membres de l'UMA. Un dossier qui est en premier lieu du ressort de l'ONU et dont le règlement définitif dépend de la volonté du peuple sahraoui à choisir son destin, dans le cadre d'un mémorandum d'autodétermination, comme cela a été prévu dans le plan baker. Aussi, cette tendance de certains cercles médiatiques à faire d'Alger l'interlocuteur de Rabat dans un problème qui concerne, avant tout les pays en conflit, à savoir, le Maroc et la Rasd, n'a fait qu'exacerber les tensions entre notre pays et le royaume alaouite. Pour l'Algérie qui se fie à la légalité internationale dans le règlement du conflit du Sahara occidental, les choses sont claires: «L'Algérie ne subordonne l'approfondissement et le développement de ses relations de fraternité, de bon voisinage et de coopération avec le royaume du Maroc a aucune conditionnalité ni restriction». Avant d'ajouter qu' «elle est disponible pour la prise de mesures et d'initiatives concertées dans un cadre de réciprocité et de sérieux dans la mise en oeuvre des accords conclus, pour donner aux relations algéro-marocaines l'impulsion et la consistance qu'elles méritent pour être hissées au diapason des aspirations des peuples algérien et marocain» Une aspiration qui s'est concrétisée avec la réunion des commissions mixtes chargées des affaires économiques et consulaires, ainsi que la prochaine réunion du groupe de travail mixte ad hoc sur la sécurité, au cours du quatrième trimestre 2004. Ce dernier sera chargé de mettre en place des «mécanismes de coordination efficace en matière de sécurité et notamment, la lutte contre le terrorisme, l'immigration illégale et toutes formes de trafic illicite». Par ailleurs, la reprise des contacts entre Alger et Rabat a été favorisée par la visite, dans la région, d'une série de délégations européennes, de haut niveau, à l'image des ministres français de la Défense et des Affaires étrangères et du président du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero. Ces derniers, même s'ils se défendent d'être les tuteurs de l'Algérie et du Maroc, accordent un intérêt hautement stratégique à la stabilité de la région du Maghreb, qui de leur avis, passe incontestablement par la réactivation de l'UMA. Un autre élément et non des moindres à présager d'un retour des deux capitales à de meilleurs sentiments, c'est la visite en Algérie, au courant de l'automne prochain de MM.Driss Djettou et Mohamed Benaissa, respectivement, Premier ministre et chef de la diplomatie marocains. D'autres actions concrètes ont été arrêtées lors de cette rencontre. Il s'agit d'un «accord entre les pays maghrébins pour la création d'une banque de développement et l'unification des cartes d'identité et des permis de conduire». Une initiative qui, si elle venait à être concrétisée, constituerait un pas de géant dans l'édification maghrébine.