Voilà un docteur en médecine, artiste dans l'âme qui veut «soigner» l'image de marque de sa ville. A prendre comme exemple... Il est l'un des chaînons indispensables, si ce n'est le principal acteur dans l'organisation des festivals musicaux de Tabarka. Son souhait : renforcer l'échange culturel algéro-tunisien. Il nous parle ici de ses projets et aspirations visant à améliorer le rapport entre nos deux pays. L'Expression: Quelle évaluation faites-vous de ce flux de touristes algériens vers à Tabarka? Djillani Daboussi : Je n'aime pas parler de touristes algériens parce que ce n'est pas une population de touristes. C'est une population de Tunisiens qui ont la nationalité algérienne et qui ressemblent en touts points de vue aux Tunisiens. Ils aiment la fête, ils aiment vivre et je suis heureux de les recevoir régulièrement. L'Algérie est le pays le plus proche de la localité de Tabarka. Que fait la municipalité de Tabarka pour accueillir tous ces Algériens? Regardez bien la carte. Observez-la bien. Le T, le A et le B sont en Tunisie et Barka en Algérie. Nous sommes tellement près que je me demande, quelquefois, si nous, on ne fait pas partie du Grand Bônois ou la Cale fait partie de Tabarka. Il y a tellement d'échanges depuis des millénaires que tout ce qu'on fait me paraît tout à fait normal. On reçoit régulièrement les Algériens, tous les jours que Dieu fait, y compris les week-ends et l'été, les Algériens sont chez eux. Je fais les mêmes efforts pour les Algériens que pour les Tunisiens. Peut-être un effort particulier, au niveau de l'accueil, au niveau des frontières pour accélérer les procédures. On y arrive maintenant, les procédures sont devenues beaucoup plus souples, beaucoup plus rapides. Pour le reste, peut-être. Nous avons imaginé un festival raï depuis 3, 4 ans, non pas pour attirer les «touristes» algériens mais davantage pour répondre aux voeux des Tunisiens qui adorent le raï. Et d'ailleurs entre parenthèses : le raï n'est pas une musique algérienne. Elle appartient désormais au patrimoine mondial. Je crois savoir qu'il y a des actions culturelles pour le futur pour le renforcement et le rapprochement des deux pays. Faudrait davantage d'échanges. Historiquement l'Est algérien et l'Ouest tunisien ne se sont développés que lorsqu'il y a des échanges. Si la frontière est hermétique, ce sera la catastrophe pour les deux pays. J'espère qu'elle ne sera plus jamais hermétique. De quelle façon cet échange va-t-il se concrétiser sur le terrain? Sur le terrain, il faudrait le maximum de spectacles algériens en Tunisie et le maximum de spectacles tunisiens en Algérie, autrement dit, envoyer des artistes tunisiens en Algérie et recevoir des artistes algériens en Tunisie. Les échanges doivent se faire surtout au niveau des arts et des lettres, de la musique et de la culture, tout le reste suivra inévitablement. C'est-à-dire que vous comptez intégrer aux prochains festivals de Tabarka, que ce soit du jazz ou du world, des artistes algériens? Bien sûr, je fais appel d'ailleurs par l'intermédiaire de votre journal, à tous les artistes algériens qui voudraient se produire à Tabarka. Qu'ils se fassent connaître, qu'ils nous envoient des CD, leur adresse etc. Parce que je voudrais programmer davantage cette année. Nous avons une dizaine d'artistes maghrébins, algériens, tunisiens, marocains qui participent à nos festivals à Tabarka, mais il faudrait qu'il y en ait davantage. Je ne les connais pas tous, il faudrait qu'ils fassent un effort pour se faire connaître. Qu'ils écrivent à la mairie de Tabarka, tout simplement (gouvernorat de Jendouba).