La vingt-deuxième édition des Journées cinématographiques de Carthage (JCC) se déroulera du 25 octobre au 1er novembre sous le signe d'un hommage appuyé au passé glorieux de la manifestation et à l'Algérie à travers sa cinématographie et la personne de Yasmina Khadra, promu président du jury international de la compétition officielle pour les longs et courts métrages. L'écrivain algérien est secondé par de grands acteurs, à l'image d'Emmanuelle Béart (France), Ezzat El-Alayli (Egypte), les réalisateurs Rahmatou Keïta (Niger) et Nouri Bouzid (Tunisie), la productrice Sandra Den Hamer (Pays-Bas) et le compositeur Ismaël Lô (Sénégal). Pour les promoteurs de cette manifestation, l'hommage à l'Algérie s'impose, “à un moment, surtout où l'Algérie se trouve à nouveau au-devant de la scène cinématographique africaine et arabe après des années d'absence durant lesquelles les soubresauts de l'histoire ont relégué au second plan toute velléité d'art. Ce n'est pas tant la quantité des films produits qui interpelle (encore que celle-ci soit remarquable comparée à la production des pays de la région), que cette capacité à engendrer une telle diversité source de richesses et de renouveau que nous tenons à saluer”. Diversité des regards portés sur l'Algérie, mais aussi des dispositifs cinématographiques qui explorent des voies innovantes de la représentation filmique, souligne la même source qui affine son argumentaire en soutenant que le choix de privilégier des œuvres fortes et originales, qui constituent autant de déclinaisons de la vitalité retrouvée du cinéma en Algérie, est des plus judicieux : “Les films de Tarak Téguia, Amor Hakkar, Fatma-Zohra Zamoum, Lyès Salem, ou encore du documentariste Malek Bensmaïl, sont autant de propositions cinématographiques où la saisie de l'histoire se conjugue avec une réflexion sur l'art.” Dora Bouchoucha ne cache point sa détermination à bousculer les idées reçues par le renforcement de la vocation du festival grâce à la promotion des films arabes et africains et l'encouragement de nouveaux talents. Ce qui n'est pas peu de choses à un moment surtout où la production cinématographique arabo-africaine bat dangereusement de l'aile. L'optimisme affiché par le comité d'organisation de la vingt-deuxième édition des JCC est loin d'être usurpé, puisque certaines de ses composantes ont eu toute latitude de sélectionner les films pour la compétition officielle. En Italie, plus précisément où Dora Bouchoucha avait visionné toutes les nouveautés de la région en sa qualité de responsable de la sélection des films arabes et africains pour la Mostra de Venise. S'il est vrai que cette manifestation ne compte pas que des amis, la directrice des JCC ne semble pas s'en inquiéter outre mesure. Mieux, elle croit dur comme fer en les capacités du comité d'organisation pour faire de cet événement une vitrine de qualité pour la production africaine et arabe récente. Même si le temps imparti pour organiser cette manifestation de grande envergure est assez court et l'absence d'un bureau permanent des plus frustrantes. “La session 2008 se veut le reflet de son temps. Elle donnera à voir des histoires grâce aux films venus de différentes parties du monde. Elle donnera à réfléchir sur les mutations rendues indispensables par l'irruption des nouvelles technologies dans le paysage audiovisuel. Et, bien sûr, elle célébrera le cinéma, la fraternité et la fête”, confiera, avec un large sourire, la charmante directrice de la 22e édition des JCC. Abdelhakim MEZIANI