Le nouveau Parlement tunisien est entré hier en fonction Mais premier couac, les partisans du chef de l'Etat Moncef Marzouki ont dénoncé le fait que le président n'a pas été invité en bonne et due forme à cette séance, si bien qu'il était absent. Le premier Parlement tunisien depuis la fuite de Zine El Abidine Ben Ali en janvier 2011 a pris ses fonctions hier. Etaient présents à cette plénière extraordinaire, le chef du gouvernement, des chefs de parti, des anciens et nouveaux élus. La chambre des députés du Bardo ouvre ainsi une nouvelle page de son histoire après trois années de joutes verbales marquées par l'adoption de la Constitution tunisienne. L'élection du président de cette chambre était prévue dans la journée. Ironie du sort, le président sortant et candidat à la présidentielle, Moncef Marzouki s'est absenté de la séance inaugurale de l'Assemblée du peuple. Adnen Manser, le directeur de la campagne électorale de Moncef Marzouki a précisé sur sa page Facebook que ce dernier n'a pas été invité. Il a expliqué, que « selon le règlement provisoire, le président de la République ne peut pas se présenter au Parlement sans invitation « et a ajouté « tout le monde le sait, mais fait semblant de ne pas le savoir «. Bref, le président de la Constituante, Mustapha Ben Jaâfar, a donné le coup d'envoi de cette première réunion des 217 membres de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) élus le 26 octobre, un scrutin remporté par le parti anti-islamiste Nidaa Tounès (86 élus) devant les islamistes d'Ennahda (69 députés). « On inaugure aujourd'hui les travaux du pouvoir législatif comme le prévoit la Constitution», a souligné d'emblée le président de l'ANC, ajoutant que «la nouvelle assemblée a des prérogatives et missions centrales dans le régime politique, dont le but est de rompre avec le despotisme et de garantir les libertés, à travers la séparation entre les pouvoirs, la stabilité gouvernementale et l'efficacité politique». Ben Jaâfar a appelé les nouvelles institutions mandatées pour le prochain quinquennat «à renforcer les moyens de coordination réciproques afin d'éviter le blocage et de garantir la stabilité, pour permettre au gouvernement de réaliser ses programmes économiques, et de répondre aux attentes populaires». Et de souligner: «Les Tunisiens et les Tunisiennes sont fiers de leur Constitution, et tout le monde se rappelle la journée mémorable du 26 janvier, jour de l'adoption de la Constitution, où la concorde et la joie ont régné au sein de l'hémicycle», s'est rappelé Ben Jaâfar, affirmant que la Constitution n'a de valeur, que si ses clauses sont appliquées, de sorte à en garantir «la pérennité et l'immunité». Ben Jaâfar a rappelé que la Tunisie est aujourd'hui face à « une nouvelle épreuve sur la voie démocratique, une nouvelle étape plus difficile qui vise à traduire dans les faits la théorie, vers la réalisation de l'Etat rationnel, où les lois, autant que les droits de l'homme, sont respectés». On a réussi «à assurer l'alternance au pouvoir, ainsi que les législatives du 26 octobre, qui sont un couronnement d'un long processus, où les obstacles ont été franchis, et le dialogue et le consensus ont prévalu», a-t-il indiqué, formulant le voeu que» le second tour de la présidentielle se déroule dans un climat approprié afin que la Tunisie retrouve la stabilité». Ben Jaâfer a aussi appelé la nouvelle Assemblée à accélérer l'adoption de la loi de lutte contre le terrorisme et à travailler dans un climat consensuel en prenant en considération les leçons de la période constitutionnelle.A la fin de son discours, Ben Jaâfar a appelé à la présidence Ali Ben Salem, doyen du Parlement et élu de Nidaa Tounès, avant de céder sa place au perchoir. Très ému, M. Ben Salem a essuyé quelques larmes sous les applaudissements des députés, de l'ensemble du gouvernement et d'un parterre d'invités, comme les chefs des principaux partis politiques du pays. M. Ben Salem a présidé avec deux vice-présidents, les benjamins de l'assemblée, cette séance inaugurale qui doit aboutir à l'élection du président de l'ARP. Les candidatures à cette fonction n'ont dans l'immédiat pas été annoncées. Aux environs de 13h, le président d'Ennahda, Rached Ghannouchi, a évoqué la possibilité de reporter l'élection du président de l'assemblée à un ou deux jours alors que Hamma Hammami a déclaré que le président de l'Assemblée devra être élu aujourd'hui même (Ndlr, hier). En tout cas, l'incertitude règne quant à la personnalité qui remportera le perchoir après la mise à l'écart d'Ennahda sur ces tractations. Il reste que Mohamed Ennaceur est le candidat de Nidaa Tounès à la présidence du Parlement. Une présidence du Front populaire ou d'Afek Tounès n'est pas à exclure au vu des tractations et des consultations entre les partis gagnants aux élections législatives. Si le parti Nidaa Tounès constitue la principale force au Parlement, il devra composer avec les autres forces politiques pour dégager une majorité absolue stable et constituer un gouvernement. A ce propos, Nidaa Tounès a indiqué qu'il ne s'attellera pas à former cette majorité avant la tenue d'une second tour de la présidentielle à une date encore inconnue courant décembre et qui opposera son président Béji Caïd Essebsi, 88 ans, au chef de l'Etat sortant Moncef Marzouki. Rappelons que le chef du gouvernement, Mehdi Jomaâ, alors de son intervention, hier, demandé aux députés de l'Assemblée des représentants du peuple d'accélérer la ratification de quelques projets de loi dont spécialement le budget d'Etat 2015. Jomaâ a assuré que l'adoption du budget de l'Etat 2015 doit se faire avant la fin de 2014.