«On ne devient pas vieux pour avoir vécu un certain nombre d'années, on devient vieux parce qu'on a déserté son idéal. Les années rident la peau; renoncer à son idéal ride l'âme.» Douglas MacArthur Si l'homme est arrivé à se hisser tout en haut de la chaîne alimentaire, c'est parce qu'avant tout, il est arrivé à s'adapter à tous les climats et à toutes les situations. Il est simplement talonné par l'acarien qui lui colle à la peau. Il en est de même pour la gestion d'une carrière. Il y a des carrières qui sont conditionnées par les incontournables lois de la nature auxquelles, nous les humains, nous sommes tous, hélas, soumis. Ces carrières, tout le monde les connaît: elles reposent toutes sur les atouts psychologiques et physiques des individus. Le bureaucrate ou le manutentionnaire, peut, durant toute sa vie effectuer les mêmes gestes répétitifs pour accomplir sa tâche. Seul son outil peut changer de forme et de performances. Les mannequins, les sportifs voient tous, à plus ou moins longue échéance leur carrière stoppée par la limite d'âge et cela bien avant l'âge légal de la retraite. Seuls les acteurs peuvent surfer, avec leur talent propre, sur les vagues du temps et adapter grâce à des rôles sur mesure, leurs rides ou leur embonpoint. Ils ont ainsi la chance de durer plus que les autres. D'autres métiers liés à la technologie sont aussi soumis à d'incessants recyclages et de nombreux stages de formation pour s'adapter aux progrès de la technique. Certains titulaires de métiers trop éphémères préfèrent se reconvertir dans d'autres créneaux, car la chasse à la performance devient aussi difficile que le mythe de Sisyphe. Mais les plus à plaindre, ce sont les hommes politiques qui ont vécu ou construit leur carrière sur un idéal, une doctrine, une philosophie, destinée à durer une éternité, et voient soudain, leurs rêves s'écrouler devant l'anéantissement de leurs motivations. Il faut s'imaginer l'état du moral des nazis à qui le Führer promettait un Reich qui devait durer 1000 ans quand les forces russes se présentèrent à la porte de Brandebourg, comme on peut comprendre le hara-kiri de beaucoup de Japonais à l'annonce de la défaite de l'Empire du Soleil levant. Mais comment se comportent alors, les marxistes-léninistes, les syndicalistes qui ont longtemps cru à l'inéluctabilité de la victoire finale au bout de la lutte des classes, moteur de l'histoire, à l'annonce de l'effondrement de l'Urss, place forte de la dictature du prolétariat qui est la pierre angulaire de la théorie marxiste-léniniste? Un homme politique chevronné m'a tout simplement dit en m'énumérant les leçons d'histoire, depuis la révolte de Spartacus jusqu'à l'assassinat de Spartakistes dans la République de Weimar en passant par l'effondrement tragique de la Commune de Paris: «La lutte continuera tant qu'il y aura sur terre, des humiliés, des réprouvés, des spoliés ou des exploités. Les formes de lutte et les vocables changent. C'est tout. Luter contre la corruption est déjà un noble but.» Cependant, ce n'est pas facile de voir s'écrouler en si peu de temps l'idéal de toute une vie; et pourtant, il y en a qui, sans se lamenter sur un quelconque âge d'or, sans changer de cible et de fusil d'épaule, ont su se reconvertir. Et pourtant, il y a des hommes qui ont su se réadapter dans des luttes quotidiennes avec un objectif beaucoup plus pratique, relatif à la quotidienneté des gens: le droit au logement, la régularisation des sans-papiers, le droit à un repas régulier, la défense de l'environnement, des animaux menacés de disparition, pour la liberté d'expression, contre les OGM, pour l'accession à l'eau potable dans les pays de la soif, au droit à toutes les minorités persécutées d'avoir une patrie, un Etat, une religion choisie, un lieu de culte approprié... Ces combats se concrétisent tous les jours sur la planète par des manifestations spectaculaires, des déclarations, des coups de main audacieux qui leur valent des détours au palais de justice. Quand un idéal meurt ou passe de mode, mille idéaux repoussent à la même place!