Le chef de la zone opérationnelle du Centre reste celui qui a fait échec au GIA. Commandant de la 1re Région militaire, zone hautement stratégique, dont le siège, situé au piémont de la Mitidja, semble tenir la clé des portes d'Alger, le général-major Fodhil-Chérif Brahim disparaît de la tête du commandement militaire. Militaire de terrain, homme de confiance de Mohamed Lamari, Fodhil Chérif était un des chefs militaires les plus importants et les plus respectés de l'armée. Son parcours de la lutte antiterroriste et les succès qu'il a remportés sur le terrain lui ont conféré une aura jamais égalée auparavant. Agé de 61 ans, cet enfant de Larhat, dans la région de Cherchell, est brusquement mis sous la sunlights en 1998 lors des macabres découvertes des caches terroristes de Gaïd Gacem, à Sidi Moussa. Depuis, Fodhil Chérif cultive l'art de parler à la presse, de se faire entendre et de démontrer «sur le terrain» toute l'utilité d'une guerre contre-insurrectionnelle sans failles. A plusieurs occasions, il organise des conférences de presse et commence à devenir la vedette militaire de la presse algérienne privée et publique. La découverte des laboratoires de Gaïd Gacem, la capture de Boumehdi Djelloul, le Abou Ubayda du GIA, la mort de Zouabri, ont été autant de points où le général-major se donnait à coeur joie d'exposer devant la presse la réussite de l'option contre-insurrectionnelle. «Excedently neat» soignant à l'excès son look, aussi bien militaire que civil, Fodhil Chérif est un véritable «Monsieur Média». A plusieurs reprises il fait la une de la presse nationale, grâce à ses coups d'éclat médiatiques. Treillis réglementaire strict, boots «à l'américaine», le visage bien rasé, le «ventre plat», et la carrure haute et musclée, il pavoisait devant le corps inerte d'Antar Zouabri, exposé dans la morgue du siège de la 1re Région militaire, le 9 février 2002. Le général-major venait d'éliminer le plus sanguinaire des chefs du GIA et s'attendait, comme il se doit, à être fêté en héros par la presse. Mais tous les journalistes algériens et étrangers entouraient le corps déformé de Zouabri et oubliaient le général, qui soufflait: «Ce n'est rien de plus qu'une bête immonde, ne vous bousculez pas pour si peu de choses...» Après le départ de Lamari, d'aucuns pronostiquaient le départ imminent de Fodhil Chérif qui est resté jusqu'au bout un fervent partisan du tout-sécuritaire et de la poursuite de la lutte contre les bastions du terrorisme. Il est évident que la tendance sécuritaire pure et dure des généraux n'était plus à l'ordre du jour et que le temps des héros de l'engagement contre-insurrectionnel était révolu. «Je ne sais pas si la mort de Zouabri signifie pour vous la fin du GIA, mais pour moi, elle ne signifie rien du tout. C'est un terroriste de moins, c'est tout. Et tant que des dizaines d'autres continuent à couvrir, le travail continue pour moi, et inlassablement, je traquerai et débusquerai les derniers irréductibles, un à un. C'est mon travail» disait-il en souriant, le 9 février 2002.