Il est le réalisateur (le cinquième) du film qui a fait couler beaucoup d'encre et suscité une polémique: Si Mohand U M'hend. Né à Alger, Benallal étudia le montage à l'INC à Ben Aknoun et à l'Idhec (Institut des hautes études cinématographiques) à Paris. Il travailla beaucoup comme monteur sur des films de long métrage dont Les vacances de l'inspecteur Tahar de Moussa Haddad, Un toit, une famille de Rabah Laradji et Raï de Sidi Ali Fettar. Il fut assistant-réalisateur sur plusieurs téléfilms. Après deux courts-métrages, le premier Salon de l'étudiant (1982) et Soul Makeba (1983), il réalisa son premier long métrage, Ya ouled en 1993. Il acheva de tourner cette année l'épopée de Si Mohand U M'hend. Il nous dévoile ici sa vision du cinéma ou comment le 7e art algérien devrait être pour devenir plus professionnel, productif. Revivre enfin... L'Expression: Le cinéma amazigh a connu une certaine période faste où il a pu émerger, puis plus rien. A quoi est dû cela à votre avis? Rachid Benallal: Le problème ne se pose pas au niveau du cinéma amazigh uniquement, mais c'est un problème qui concerne le cinéma en général. Le cinéma algérien a eu un essor. Ce n'est pas un problème d'amazighité. Il y a eu que trois films qui ont obtenu un bon succès car la langue amazighe n'était pas tellement usitée dans le cinéma national. Il y a eu une espèce de relation affective vis-à-vis de ces produits, tout comme les films algériens du début, où nous étions contents parce qu'ils «parlaient» arabe. Maintenant, il faut dépasser le contexte de la langue dans le cinéma. Il faut aller vers le cinéma et faire des films qui soient une expression plurielle mais qui touchent l'universel. Il y a beaucoup de cinéastes, réalisateurs qui ne trouvent pas de financement en Algérie et se tournent vers l'étranger et par conséquent, tournent grâce à des moyens français, notamment. Quel regard portez-vous sur ce phénomène et comment l'expliquez-vous? Français ou hollandais, le cinéma est un art universel. Je pense que si on veut parer à cette recherche de capitaux au niveau de l'Europe, il faut libérer la bourse au niveau ministère de la Culture. Il faut que le Fdatic soit alimenté, que le cinéaste algérien qui vit en Algérie puisse avoir accès à des fonds d'aide que je souhaite par ailleurs voir appliquer à l'écriture. Il faut en même temps, que les films qui ont obtenu l'accord du Fdatic, aient leur argent pour commencer à tourner. On dit que le cinéma algérien est à l'image du pays, qu'il a connu une traversée du désert et commence aujourd'hui à émerger si on vient à en faire une étude sociologique. Qu'en pensez-vous? Le cinéma algérien existe-t-il d'après vous? On ne peut pas parler de cinéma algérien, étant donné qu'il n'y a que des tentatives. Pour que le cinéma puisse exister, il faut qu'il y ait d'abord une base juridique, des lois, un laboratoire, une demande de salles de cinéma et une demande du public. Maintenant, on est passé dans une phase d'économie de marché. Pour moi, faire un film et le laisser dans le tiroir, c'est comme... Il faut absolument qu'un film ait une carrière même si on doit le financer par des étrangers pour pouvoir tourner d'autres. Il faut que le besoin se créé tout comme le cinéma égyptien créa le besoin. Il faut pour ce faire, équiper les salles avec les dernières technologies et faire en sorte que le cinéma ne soit plus fait de manière relativement artisanale, mais qu'il obéisse à des règles, des normes, des résultats techniques. Il faut qu'il y ait aussi à tout prix, l'obligation de résultats au niveau du cinéma national. Quel regard portez-vous sur le CNC algérien qui tarde à être mis en place par Ahmed Bedjaoui. Adhérez-vous à cette structure? Je pense que le cinéma a besoin d'un cadre juridique sur le plan légal, mais ce n'est pas au CNC de produire. Ce n'est pas à lui d'avoir une structure, un laboratoire. Il n'a pas à gérer ça. Il peut gérer la profession pour qu'il n'y ait plus d'entorses sur le plan déontologique, pour que des jeunes puissent venir à ce métier. Mais de là à produire, jamais. Le CNC français ne produit pas. Il aide. Je suis d'accord pour un cadre légal où on exerce votre métier, mais ce n'est pas à lui de produire des films. Il faut qu'il y ait des entreprises de production privées qui se chargent de ce volet. Ce que je crains, c'est que ce soit une superstructure bureaucratique qui alourdira l'effort et l'envie de faire.