Le chef de file du mouvement de redressement est accusé de composer avec ceux qui ont failli mener le parti à sa perte. Le FLN, en plein mois caniculaire, connaît de très importants rebondissements. La base du mouvement de redressement, conduite par les quelque 54 coordinateurs de wilaya, qui représentent l'équivalent des mouhafedh anciennement pro-Benflis, est en train de monter une fronde sans précédent contre son ancien chef de file, Abdelaziz Belkhadem. Le dernier communiqué, rendu public par cette «nouvelle coordination» ne mâche pas ses mots, en menaçant Belkhadem de mettre en place une commission parallèle avant la fin de ce mois, tout en lui laissant une ultime porte de sortie, pour peu qu'il veuille se départir de ses «accointances» avec les anciens pro-Benflis, ce qui est loin d'être acquis au regard des analystes au fait des affaires internes du FLN. En des termes de plus en plus crus, les frondeurs accusent celui-ci d'avoir accepté de «composer avec les anciens dirigeants de ce parti alors qu'ils s'étaient rendu coupables d'attaque contre les institutions de la République, de déviations politiques et d'une gestion catastrophique du premier parti du pays». Le communiqué, d'une rare virulence, signé par l'ensemble des coordinateurs de wilaya, dont le porte-parole est le docteur Yenoune Tayeb,met en exergue cinq revendications principales, sans lesquelles la guerre sera sans aucun doute déclarée à Belkhadem, puisque le mouvement ne menace rien moins que de mettre en place une commission parallèle de préparation du 8e congrès, aussi... rassembleur que le premier. La première revendication, qui est sans doute la principale, exige qu'au sein des quelque 160 éléments composant la commission mise en place par Belkhadem il y a de cela une quinzaine de jours «soient exclus tous ceux qui ont porté atteinte aux symboles de l'Etat, et qu'ils soient relégués dans les rangs arrière». Cela ne les empêchera quand même pas de prendre part au congrès, et même d'être élus si tel est le bon vouloir des participants, mais à condition qu'ils ne fassent pas partie de l'équipe en charge des préparatifs. A côté des considérations organiques, le caractère politique n'est pas non plus en reste. Le second point, en effet, met en exergue les aspects «inaliénables» des communiqués rendus publics par le mouvement de redressement en date des 5 avril et 6 juin de cette année, dans lesquels des préalables très clairs avaient été émis en direction de l'ancien camp de Benflis avant que tout rapprochement entre les deux camps ne puisse se faire et que le processus de rassemblement des rangs soit enfin enclenché. Dans ce conteste, il avait même été exigé que le programme de Bouteflika soit adopté, ce que l'autre camp avait «adroitement» éludé en indiquant qu'il appartenait au congrès, et à lui seul, de définir la ligne politique du FLN. L'ire des coordinateur qui avaient maintes fois tiré la sonnette d'alarme, y compris avant la présidentielle d'avril 2004, est d'autant plus accentuée qu'ils continuent à ne pas en vouloir personnellement à leur chef de file, pour peu qu'il... redresse sa démarche, sous peine de se voir confronté à la mise en place d'une commission parallèle avant la fin de ce mois. Il y a de cela quinze jours, rappelons-le, le coordinateur national du mouvement de redressement, en présence des responsables représentant l'autre camp, dont Abdelkrim Abada et Salah Goudjil, avait procédé à la mise en place de la commission de préparation du 8e congrès, dit rassembleur. Signe des temps sans doute, trahissant la grave crise devant se cristalliser entre Belkhadem et ses anciens compagnons de route, des figures de proue du mouvement, dont le «vétéran» Abdelhamid Si Afif, avait boycotté cette rencontre. Un homme comme Amar Tou, connu pour être très proche de l'actuel troisième homme de l'Etat, et qui ne cache pas ses ambitions de devenir futur secrétaire général du FLN réunifié, fait sans doute partie de la fronde, mais de la manière la plus discrète qui soit, comme il avait su tirer les ficelles au sein du mouvement de redressement sans jamais succomber aux sunlights. Toujours est-il que ces nouveaux rebondissements, qui trahissent une aggravation de la crise que vit le FLN, et qui doit sans doute profiter à son frère-ennemi le RND, comme le reconnaissent amèrement des ténors du parti, à l'instar d'Abdelkader Hadjar, peut bien signifier le début de la fin si un compromis n'est pas trouvé très vite. La balle, certes, reste dans le camp de Belkhadem. Mais pas pour bien longtemps encore...