Souad Massi dans son premier rôle au cinéma Le public du soir a eu droit dimanche dernier à une belle bluette sentimentale sur fond de guerre en Palestine via une coproduction mettant en avant les acteurs Khaled Abou Naga et Souad Massi faisant son incursion dans le monde du 7e art avec brio. Inspiré d'une histoire vraie, Ouyoune el haramia de Najwa Najjar (coproduit par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel / l'Algérie) a été présenté au public, dimanche dernier dans la salle El Mouggar comble. C'est le second film entrant dans le cadre de la compétition Fiction du 5e Festival international du cinéma d'Alger -Journées du film engagé (Fica). Le long-métrage suit les péripéties de Tareq superbement incarné par le talentueux comédien égyptien Khaled Abou Naga, un père qui part à la recherche de la fille qu'il a abandonnée dix ans auparavant. Lors de l'invasion israélienne de 2002, Tareq est blessé puis arrêté. A sa libération, il retourne dans sa maison à Sebastia croyant retrouver les siens. Mais les choses ont bien changé. Sa femme décédée, sa fille a été recueillie par une certaine femme, appelé Rachida. Ses investigations l'amènent à Naplouse à la recherche de sa fille où il fait la connaissance de Lila campée de façon remarquable par la chanteuse algérienne Souad Massi. Celle-ci qui élève deux enfants dont une fille, Malak, qu'elle a adoptée. Entre Tareq, ingénieur hydraulique, et Lila, couturière, c'est le coup de foudre. Même si ce dernier ne semble pas se l'avouer, pis encore l'idylle restera plus au stade du tâtonnement primaire à fleur de peau, puisque Lila est promise à Adel, homme riche influent, censé prendre en charge Lila et sauver son atelier de la faillite. Cependant, Tareq sur qui commence à peser des suspicions, flanqué du sentiment de jalousie de Adel, va devenir la cible de cet homme véreux qui s'avère être, lui, dangereux. Tout part en éclats. Le semblant d'apaisement retrouvé auprès de Lila et sa fille, Malek disparaît peu à peu quand les secrets de Tareq remontent à la surface. Mais cela n'est pas sans le pot au rose qui sera dévoilé grâce à ses recherches hydrauliques qui porteront leurs fruits, et qui finiront par dévoiler au grand jour les magouilles de détournement d'eau dans le village par cet homme véreux, Adel... Dans Ouyoune el haramia Najwa Najjar réussit à créer l'ambiance d'une bluette sentimentale dans la Palestine occupée sans omettre pour autant de dessiner les contours d'une guerre omniprésente, par insertion de quelques plans à chaque détour d'une rue, par ces scènes de chekpoint, de balles assassines ou de bombardements... Le film fonctionne en flash-back, entre drame et accalmie, bonheur éphémère et mort subite. Derrière ce drame de la grande histoire, la vie continue malgré tout à se couler lentement. On parle d'amour, on chante, on rit et on rêve même au prince charmant. Le film a de particulier la comédienne Souad Massi qui joue le rôle d'une Algérienne parachutée en Palestine et qui chante pour se détendre Ana touiri (moi et mon rossignol) de Fadela Dziria, chanson qu'elle a apprise dit-elle, de sa mère. Mention spéciale pour elle d'autant que c'est son premier rôle au grand écran. Quant à Khaled Abou Naga, il est toujours dans la justesse du jeu, ni plus ni moins. Après l'avoir encore apprécié il y a de cela à peine une semaine dans un autre film (Au JCC Ndlr), égyptien celui-là, de Ahmed Abdellah, et d'autres films encore, il ne fait aucun doute que cet homme est un véritable acteur qui parvient à incarner divers personnages avec une facilité déconcertante ce qui manque cruellement chez nos pseudos acteurs (pas tous heureusement) souvent cantonnés dans les mêmes gestes et mimiques abrutissantes. «Le film prend acte de la vraie histoire, qui s'est passée en 2002, un des pires moments de l'Intifada, un homme a tué un soldat israélien sur la terre palestinienne sans le dire à personne. Il a fait un travail nationaliste de bravoure. L'idée du film est de savoir qu'est-ce qu'un acte patriotique? Aussi, le criminel, n'est pas toujours celui que l'on s'imagine... Les yeux sont le miroir par lequel on voit et perçoit l' âme de l'être humain, sa vérité...» nous confiera la réalisatrice après la projection de son film. Un film qui a fait parler de lui déjà au récent festival du Caire.