Rencontré en marge de la conférence sur le Sahara occidental qui s'est tenue hier, au centre de presse Mohamed-Abderahmani d'El Moudjahid, le Premier ministre sahraoui, Abdelkader Taleb Omar a bien voulu répondre à nos questions L'Expression: Comment appréciez-vous la position espagnole vis-à-vis du conflit sahraoui? M.Taleb Omar: Le peuple espagnol a, depuis longtemps, exprimé sa solidarité, sans faille, avec notre cause. D'ailleurs, l'Association d'amitié et de solidarité avec le peuple sahraoui est considérée comme étant la deuxième entité sociale, en matière de mobilisation, après celle des syndicats. Cela dit, sur le plan officiel, la politique du nouveau gouvernement de José Luis Zapatero a été marquée, à un certain moment, par une certaine ambivalence. Surtout que des déclarations faites par certains ministres notamment celles qui exprimaient un certain scepticisme quant à la possibilité d'organiser le référendum, sous-entendant d'entreprendre d'autres voies pour le règlement définitif du conflit. Tout cela, bien évidemment, est motivé par les intérêts espagnols au Maroc que ces derniers défendent pied à pied. Pour autant, la presse ibérique et l'opinion nationale espagnole ont, unanimement, critiqué l'»empressement» de l'Espagne dans sa politique envers ce dossier. Le gouvernement de José Luis Zapatero, pour sa part, nous a réitéré, suite au dialogue qu'il a entrepris avec nous, son attachement à la résolution des Nations unies et au plan Becker. D'ailleurs, l'émissaire espagnol est venu, attester auprès de nous l'inflexibilité de cette position. Des pressions franco-espagnoles ont été, récemment, exercées sur l'Algérie pour assouplir l'intransigeance de sa position... votre commentaire. Nous sommes très sereins quant à la constance de position de l'Algérie et du soutien indéfectible que ce pays continue à nous apporter depuis très longtemps. La lettre que le président Bouteflika a envoyée, il y a une semaine, à Kofi Annan en est la parfaite illustration. C'est, à mon avis, maintenant, aux autres acteurs impliqués, d'une façon ou d'une autre, dans ce conflit, de reconsidérer leurs calculs. Je pense qu'ils doivent prendre en compte, plus qu'avant, la position algérienne. Croyez-vous que le Maroc soit acculé par les pressions internationales? Ce pays fait face actuellement à des difficultés internes relatives à cette question. Sur le plan international, la réalité, aussi flagrante qu'elle soit, ne semble pas jouer en sa faveur, sachant qu'en dehors de l'Algérie, l'Espagne mais aussi les Etats-Unis ont exprimé, à moult reprises, leur attachement à la légalité internationale et aux résolutions du plan Becker. Reste toutefois, la France, le seul pays à soutenir la politique marocaine à propos du Sahara occidental et que nous souhaitons voir opter pour une attitude plus équilibrée entre les deux principales parties opposées à savoir la Rasd et le régime marocain. Une société norvégienne spécialisée dans les analyses sismiques, a tenté, grâce aux autorités marocaines, d'exercer sur les terres sahraouies. Qu'en pense votre gouvernement? Il y a eu, effectivement, la tentative d'une société norvégienne (Fugro) d'entamer son activité sur les territoires sahraouis mais grâce à nos amis (la délégation du Mouvement international de solidarité avec le peuple sahraoui) qui ont rencontré les représentants de cette firme, nous avons pu trouver un épilogue à ce problème. L'entreprise en question a décidé de prendre en considération les aspects politiques y régnant.