«La façon d'agir de José Luis Zapatero ne favorise pas la négociation, ni la résolution du conflit» Le gouvernement Zapatero s'est aligné sur le Maroc. Cette déclaration, en relation avec le plan «d'autonomie marocain pour le Sahara occidental», a été faite, hier, par le Premier ministre sahraoui, Abdelkader Taleb Omar. Ce n'est pas une surprise. Mais cette position sur le conflit du Sahara occidental «a déçu» le peuple sahraoui. Car elle s'est «alignée» sur le Maroc. Ainsi, après la France officielle qui, par la voix de Jacques Chirac, avait qualifié le plan marocain de «constructif», la position espagnole viendra brouiller les cartes. «Ce n'est un secret pour personne», considère Abdelkader Taleb Omar qui souligne la responsabilité historique de l'Espagne dans la crise sahraouie. «L'Espagne a une dette historique et morale envers notre peuple et c'est un fait reconnu par la majorité de la société espagnole.» Abdelkader Taleb Omar a ajouté que «la façon d'agir de José Luis Zapatero ne favorise pas la négociation, ni la résolution du conflit». L'interviewé considère que le contrat de réarmement signé entre le Maroc et l'Espagne ainsi que les positions espagnoles ne peuvent être acceptés par le peuple sahraoui. A en croire le Premier ministre sahraoui, le gouvernement Zapatero a fait une déclaration précipitée à propos du plan «d'autonomie» qui n'est pas en accord avec l'opinion générale espagnole, ni celle du Congrès. La chambre basse du Parlement espagnol a, rappelons-le, réaffirmé son appui au processus d'autodétermination du peuple sahraoui. Abdelkader Taleb Omar a affirmé, une fois de plus, que les Nations unies doivent réaffirmer dans la résolution qu'elles adopteront, à la fin de ce mois, le droit des Sahraouis à décider librement de leur destin. Une précision de taille: le peuple sahraoui qui est attaché encore à la voie pacifique dans le règlement du conflit n'écarte, cependant, pas les autres options. Allusion faite, sans nul doute, au retour à l'action armée. «Nous préférons la solution pacifique, mais nous n'écartons pas le retour aux armes», a-t-il averti. A cette question précise, le Premier ministre sahraoui a mis en évidence que le peuple sahraoui est en mesure d'affronter, actuellement, un conflit armé. «Nous l'avons fait dans le passé et avec peu de moyens», laissa-t-il entendre à mots ouverts. Et de préciser, à nouveau, «qu'à présent, nous sommes plus nombreux, plus unis, mieux préparés, respectés par beaucoup de pays amis et la légalité internationale est de notre côté». Le Premier ministre sahraoui a mis à profit l'occasion pour dénoncer la poursuite de la répression, la pratique de la torture et le siège des villes sahraouies occupées par le Maroc. Il est revenu sur la revendication d'élargir les prérogatives de la Minurso. En d'autres termes, Abdelkader Taleb Omar à appelé la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental à créer un «mécanisme pour le contrôle et la défense des droits de l'homme et l'accès des observateurs et de la presse aux territoires sahraouis occupés». Sur sa lancée, le Premier ministre a condamné, aussi, la politique marocaine visant à pousser les Sahraouis à l'immigration clandestine. Une politique dont l'objectif, a-t-il expliqué, est de «vider les villes» du Sahara occidental de leurs populations sahraouies. De son côté, la France, un pays qui ne fait plus sourire sur la question des droits de l'homme, a réitéré, une fois de plus, son soutien aux thèses du Makhzen. Entre la France et le Maroc, c'est une affaire d'intérêt, mais au détriment d'un peuple clochardisé.