Le gouvernement tente de renvoyer plus de 40.000 personnes vivant dans le camp de Kalma. La situation humanitaire dans le Darfour est tragique et les efforts de la communauté internationale, en vue de la contenir ont montré leurs limites. Depuis le début des hostilités entre Khartoum et les rebelles du Mouvement de la justice et de l'égalité (MEJ) et de l'Armée de libération du Soudan (ALS), en février 2003 au Darfour, les affrontements ont fait entre 30.000 et 50.000 morts, selon l'Onu. Environ 1,2 million de personnes ont été chassées de leurs foyers, dont 150.000 se sont réfugiées au Tchad. Les autorités soudanaises, de leur côté, multiplient les pressions sur les victimes des exactions pour qu'elles retournent dans leurs villages, dévastés et incendiés par des milices djandjawids, sans leur assurer la protection nécessaire. L'organisation américaine de défense des droits de l'Homme, Human Rights Watch (HRW), a par ailleurs affirmé, dans un rapport publié mardi soir, qu'elle disposait d'un nombre croissant de témoignages indiquant que les djandjawids, responsables d'exactions commises contre les populations d'origine noires du Darfour, ont été incorporés dans la police et l'armée régulière. HRW affirme notamment avoir reçu des rapports indiquant que dans le Nord Darfour, les membres d'une milice dirigée par Musa Hilal, basés à Mistrya, sont en train d'être incorporés dans la nouvelle branche «Opérations spéciales des forces de police mobiles». L'opposition soudanaise avait dénoncé cette opération de même que la mafia qui blanchit l'argent illégal . Le Soudan est sous le coup d'une résolution votée le 30 juillet par le Conseil de sécurité de l'Onu, lui donnant 30 jours pour désarmer les milices pro-gouvernementales et assurer la protection des déplacés, dont le nombre a dépassé 1,2 million Khartoum affirme avoir commencé le déploiement de 6000 policiers dans la province ouest - aussi grande que la France - indiquant être prêt à déployer jusqu'à 12.000 policiers pour y rétablir l'ordre. Le Haut Commissariat de l'Onu aux réfugiés (HCR) affirme dans un rapport diffusé mardi que les autorités exercent des pressions sur les déplacés pour les contraindre, malgré l'insécurité persistante, à quitter les camps installés par les organisations humanitaires, et à regagner leur village d'origine. Le gouvernement tente de renvoyer plus de 40.000 personnes vivant dans le camp de Kalma et dans la ville de Kas, alors que plusieurs centaines de personnes ont déserté ces derniers jours leurs villages à Serengabo, Tawila, Tebeldia et Qasar pour venir se réfugier dans des camps précaires installés près de Nyala, capitale du Sud Darfour, affirme le HCR. Le gouvernement a déployé des policiers dans les villages désertés pour convaincre les déplacés que la sécurité leur serait assurée à leur retour, mais ces victimes ont affirmé qu'elles n'étaient pas rassurées par la présence des policiers gouvernementaux et n'estimaient pas que le temps était venu pour eux de regagner leurs foyers, selon cette organisation. Le HCR affirme avoir «rappelé fermement aux autorités (soudanaises) que tout mouvement de déplacés devait être strictement volontaire, parce que les gens qui ont déjà été traumatisés une première fois d'avoir été chassés de leurs foyers par les miliciens armés, n'ont pas besoin de subir un nouveau traumatisme». Le Soudan s'est engagé auprès du représentant du secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan, à ce que les retours des déplacés soient strictement volontaires.