La proposition du président Bush de créer un superpatron du renseignement ne fait pas l'unanimité. Les renseignements américains sont dans l'oeil du cyclone, depuis la polémique sur les rapports erronés de la CIA sur les armes de destruction massive. La nomination par le président G.W..Bush du nouveau patron de la CIA, le sénateur républicain de Floride, relance le débat sur la crédibilité de l'homme qui, dit-on dans le camp démocrate, avait affiché publiquement son soutien au président sortant. Pourtant, le poste de directeur des services de renseignement dans tous les pays du monde, doit être en retrait du jeu politicien et faire montre de neutralité. «Une personne ne devrait pas être directeur de la CIA quand elle a déjà agi dans un sens très politique et quand nous traitons de la sécurité de la population américaine», estime-t-on dans le camp démocrate. En crise pour ne pas avoir prévu les attentats du 11 septembre 2001 et affirmé que Saddam Hussein possédait des armes de destruction massive, la CIA doit engager des réformes de fond dans son mode de fonctionnement, ainsi que dans ses structures. La proposition du président Bush de créer un superpatron du renseignement ne fait pas l'unanimité, laissant perplexe même le ministre de la Défense, Donald Rumsfeld. Ce dernier a prévenu mardi, qu'il fallait être prudent et prendre son temps avant de créer un poste de superpatron des services de renseignement, estimant nécessaire qu'une compétition soit maintenue dans les services d'analyses de données. «Je pense que tous les gens qui connaissent le monde du renseignement savent qu'il faut des analyses concurrentes. Ils veulent des sources multiples d'information et ils ne veulent pas que les données soient centralisées et uniformisées», a-t-il ajouté. Selon lui, la création d'un tel poste risquerait de créer un «consensus de pensées». Or, s'interroge Rumsfeld , «que va faire le patron du renseignement? A qui rendra-t-il des comptes? Qui dirigera-t-il, quelles seront ses fonctions?» Tant de questions qui sont au centre d'une véritable polémique. Par ailleurs, la prise de fonction de Porter Goss, doit d'abord être précédée par le feu vert du sénat. Une étape décisive qui risquerait de soulever des vagues à propos des armes de destruction massive et des attentats du 11 septembre 2001. En effet, les démocrates ont profité de la nomination de Goss pour réclamer une réforme urgente et en profondeur des services de renseignement américains. Chez les démocrates, certains craignent que Goss, un proche de Bush, «politise» le processus de réformes des services de renseignement. Il est donc clair que l'audition de M.Goss va donner l'occasion à l'opposition démocrate de dénoncer l'attitude de l'administration Bush avant les attentats de septembre 2001. Toutefois, la compétence du nouveau patron de la CIA est reconnue même par ses adversaires. «Son expérience au Congrès lui servira à la CIA car il est respecté des deux côtés de la scène politique et il comprend l'importance du rôle que le Congrès doit jouer pour améliorer les capacités de renseignement de notre pays», a souligné mardi M.Bush. «L'essence de nos capacités en matière de renseignement sont les gens», a souligné M.Goss, mardi.