Ces services sont également accusés de n'avoir pas suffisamment pris en compte les menaces d'attaque biologique. Plus de deux ans après la guerre du Golfe et plusieurs mois après l'élection présidentielle aux Etats-Unis, l'administration Bush fait son autocritique, en affirmant que la principale raison à l'origine de l'offensive contre l'Irak, est la détention par Saddam de l'arme nucléaire et biologique. Ainsi, le très attendu rapport sur les armes de destruction massive prétendument détenues par le régime de Saddam Hussein et qui a justifié la guerre contre l'Irak, a été remis ce mercredi au président Bush. D'emblée, les auteurs dudit rapport accablent l'ensemble des agences américaines de renseignement, les accusant d'avoir eu «complètement tort» dans l'appréciation qu'ils ont fait de la force de frappe «nucléaire» de l'armée irakienne. «Notre conclusion est que les services de renseignement ont eu complètement tort dans pratiquement toutes leurs conclusions avant la guerre sur les armes de destruction massive irakiennes», affirment les auteurs du rapport, estimant que «le tort fait à la crédibilité des Etats-Unis par les erreurs de nos services de renseignement en Irak mettra des années à être corrigé». Toutes ces erreurs sont passées au crible dans un document lourd de 600 pages, dont la conclusion la plus importante a fait état d'une grave déroute des services de renseignement US qui ont tout simplement été menés en bateau. «Ce que leurs responsables vous ont dit sur les programmes de Saddam Hussein est ce qu'ils croyaient. Ils avaient simplement tort», lit-on dans la lettre de présentation du rapport adressée au président Bush. «Les échecs résultent largement de manquements dans l'analyse des renseignements, les analystes se montrant par trop attachés à leurs convictions sur les intentions de Saddam», souligne le texte qui fait des recommandations allant dans le sens d'une amélioration de la qualité des services de renseignement. Entre autres propositions, il est préconisé le renforcement des prérogatives du Directeur du renseignement national (DNI), poste créé récemment, et l'intégration de la police judiciaire fédérale (FBI) aux services de renseignement. Le rapport se montre assez virulent contre la CIA, le FBI et les autres agences de renseignement, affirmant que «beaucoup au sein de ces agences n'acceptent pas la conclusion à laquelle nous sommes parvenus après une année d'enquête qui est que les services de renseignement doivent subir des changements fondamentaux s'ils veulent pouvoir faire face aux menaces du XXIe siècle». Ces services sont également accusés de n'avoir pas suffisamment pris en compte les menaces d'attaque biologique potentiellement plus dangereuses qu'une attaque nucléaire. Ainsi, ledit rapport sonne l'alarme sur une attaque biologique potentielle comparable aux alertes au charbon (anthrax) qui ont semé la panique aux Etats-Unis en 2001, tuant cinq personnes et déclenchant des milliards de dollars de coût de décontamination. Ces critiques ont été assez bien reçues par le président américain qui a déclaré partager les conclusions du rapport. «Je partage leur conclusion centrale qui est d'estimer que la communauté du renseignement américaine a besoin d'une réforme fondamentale pour nous permettre d'affronter avec succès les menaces du XXIe siècle», a-t-il affirmé. «Le rapport de la commission présente une forte critique de la manière dont les renseignements concernant les sujets les plus délicats, et spécialement l'Irak, ont été rassemblés et analysés», a déclaré M.Bush, entouré des auteurs de ce rapport. «La commission souligne également que l'Amérique doit savoir bien davantage sur les programmes d'armement et les intentions de nos adversaires les plus dangereux», a-t-il dit.