L'ONU, qui a fait l'objet d'un lobbying sans précédent, maintient le cap du respect du droit international. Le nouvel envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, Alvaro de Soto, devrait visiter, dès la première semaine du mois de septembre, le Maroc et les camps de réfugiés sahraouis. C'est ce qu'a indiqué l'agence espagnole Europa Press, qui cite des sources de la Mission des Nations unies au Sahara occidental (Minurso) basées à New York. Il s'agira donc de la première sortie du représentant personnel de Kofi Annan depuis la démission spectaculaire de James Baker au plus fort des pressions de l'axe Madrid-Paris-Rabat, mais qui ont fini par se solder par un cuisant échec, tant elles tranchaient avec les accords de Houston de 1990, mais aussi les résolutions prises à l'unanimité par le Conseil de sécurité de l'ONU. Nul n'ignore, en outre, que la position marocaine est d'autant plus indéfendable qu'il avait accepté et signé les accords d'Houston, dans lesquels l'autodétermination du peuple sahraoui, conforme aux principes de décolonisation planétaire, figurait en très bonne place. Toujours est-il que l'agence de presse espagnole, visiblement bien informée des déplacements de M.Alvaro de Soto aura au cours de ces visites, des entretiens avec les responsables des gouvernements marocain et sahraoui. Il est bon de souligner que la démarche onusienne actuelle représente un nouveau camouflet aux autorités de Rabat. Celles-ci, en effet, voulaient à tout prix impliquer l'Algérie dans cet énième dialogue, duquel ne sortira rien d'autre que ce qui a déjà été décidé unanimement par toute la communauté mondiale. Notre pays a beau jouir du statut onusien d'observateur au sein de la région, il n'en maintient pas moins n'avoir rien à dire aux Marocains concernant cette question, laquelle doit impérativement être traitée, sinon au sein des instances internationales habilitées, du moins entre les seuls acteurs concernés, à savoir le Maroc et la Rasd (République arabe sahraouie et démocratique). Ces visites, constitueront la première tournée de M.de Soto dans la région depuis sa nomination en juin dernier à ce poste et lui permettront sans doute de se faire une idée très juste de la question, comme cela avait été le cas pour son prédécesseur. En effet, même si le Maroc demeure le seul «allié stratégique hors Otan» de l'Amérique et si Baker est un homme très proche des décideurs US, il n'en a pas moins conclu, sous l'évidence des faits, qu'un référendum devait obligatoirement se tenir. Seule concession faite aux Marocains, un délai de cinq années, le temps de se préparer à lâcher des territoires qui ne leur ont jamais appartenus, selon les termes stricts du droit international. Des textes qui, s'ils venaient à être foulés aux pieds dans cette affaire, risqueraient d'ouvrir la voie à de nombreuses et sanglantes guerres dans tout le continent africain, avec une instabilité mondiale, des «Boat People» et des épidémies sans doute jamais connues avec cette intensité auparavant. Le diplomate péruvien s'était réuni le 15 juillet dernier au siège des Nations unies avec le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos avec lequel il avait évoqué le conflit du Sahara occidental. Au cours d'une brève visite à Madrid en juin dernier, de Soto avait affirmé que la démission de M. James Baker n'impliquait pas l'abandon de son plan de règlement. Il avait ajouté que les Nations unies n'avait pas une «initiative de substitution» à ce plan que le Conseil de sécurité considère comme une «issue politique» au conflit, devant aboutir à la concrétisation de l'objectif assigne à la Minurso, à savoir l'organisation d'un «référendum d'autodétermination» pour le peuple sahraoui. Une manière de dire que si Rabat, en jouant son ultime carte, a réussi à décourager Baker et à l'amener à la démission, son plan reste d'actualité et sera mis en application dans les délais requis, pour la stabilité de la région et l'intérêt des peuples des deux régions.