L'avènement de l'ouverture audiovisuelle au privé a révélé au grand jour le manque flagrant de professionnels en animation et en présentation de journaux télévisés en langue française, en revanche, nous avons remarqué une abondance de journalistes en langues arabe et amazighe. Depuis le début de l'ouverture audiovisuelle, la chaîne Ennahar TV, Dzair News ont tenté de trouver des journalistes francophones pour leur émission en langue française, mais en vain. Ennahar TV qui est très suivie en France grâce au bouquet et Internet a fait plusieurs tentatives pour recruter des journalistes qui maîtrisent la langue française, mais à ce jour le recrutement a été infructueux. Du coup, Ennahar TV s'est résolue à faire diffuser une bande d'urgence en bas de l'écran en français pour combler ce vide de la langue, en attendant de trouver le présentateur adéquat pour ses émissions et ses JT. C'est Dzair TV qui a été la première télévision privée à introduire des journaux en langue française. Ce choix est dicté par la proximité du groupe avec la culture francophone et même internationale. L'absence de journalistes francophones est due en fait à l'absence de formation de journalistes en langue française à l'Institut d'information Itfc de Ben Aknoun. Depuis plus de 20 ans, l'Institut supérieur en Information ne forme que des journalistes en langue arabe, ce qui a créé un grand déficit de journalistes en langue française. Dans la presse écrite, la majorité des journalistes francophones sont diplômés en sciences politiques, en technologie ou en langue étrangère. Certains étaient même médecins, vétérinaires ou dentistes ou professeurs de français et ont choisi de changer d'activité pour entamer une carrière de journaliste. Mais en audiovisuel les choses sont différentes, la présentation et l'éloquence sont indispensables pour passer à l'écran. C'est la radio Chaîne III, qui a alimenté Canal Algérie en journalistes depuis sa création. La direction de l'Entv avait donné son aval en coopération avec l'Enrs pour autoriser des journalistes travaillant à la radio de travailler à la télévision et cela pour consacrer la ligne éditoriale gouvernementale. C'est ce choix éditorial qui a conduit Dzair TV à recruter plus de 30 techniciens et journalistes de la radio toutes chaînes confondues. C'est d'ailleurs de la radio internationale qu'a été recruté Khaled Drarni qui est devenu la vedette de Dzair TV et qui s'est exilé ensuite sur Echourouk TV pour une nouvelle aventure. Cette raréfaction des journalistes francophones résulte également de la baisse de l'élite francophone par rapport à l'élite arabophone. Aujourd'hui, les télévisions ont toutes les difficultés à trouver des journalistes professionnels capables d'entrer dans le milieu déjà amateur de l'audiovisuel privé. Et pourtant, dans un environnement médiocre, il est plus facile de trouver une place de journaliste francophone que de décrocher une place de journaliste dans un média arabophone. Hier encore, la nouvelle direction de Numidia News a de son côté exprimé le voeu de trouver des journalistes pour son JT en français. Pour l'heure, seule la défunte Atlas TV avait un journal télévisé à la hauteur d'une télévision professionnelle! Dommage que cela n'ait pas duré! [email protected]