Le terminal pétrolier de Sedra Alors que le terminal de Sedra est la proie des flammes depuis plusieurs jours, les factions font dans la surenchère pour attiser la guerre civile. Tandis que trois des réservoirs du terminal pétrolier de Sedra sont toujours la proie des flammes, après l'attaque meurtrière des milices islamistes venues par la mer pour tenter de s'emparer du site, cinq jours auparavant, et tandis que la Libye attend en vain une réponse des Etats-Unis ou de l'Italie auxquels un appel au secours a été lancé pour contribuer à l'extinction du gigantesque incendie dont on craint qu'il ne se propage aux autres réservoirs, les mauvaises nouvelles affluent des places londoniennes, new-yorkaises et asiatiques sur l'inexorable plongée du prix du baril établi hier à 53,61 dollars, le niveau le plus bas enregistré depuis 2009. Pendant que le marché mondial est assommé par les signes patents d'une surabondance de l'offre en brut, conséquence d'une politique de sape de l'économie russe et d'un Poutine devenu l'homme à abattre, la Libye fait face à une terrible pression des groupes terroristes, désireux d'en finir au plus vite avec la résistance des légalistes... Depuis la chute de l'ancien chef de l'Etat libyen, Mâammar El Gueddafi, au terme de huit mois de conflit en 2011, le pays est dirigé par deux Parlements et deux gouvernements rivaux, l'un proche des miliciens islamistes de Fajr Libya et l'autre reconnu par la communauté internationale, siégeant à Tobrouk, près de la frontière égyptienne. C'est dire la complexité de la tâche de l'Algérie qui a réaffirmé, lors de la récente rencontre des pays riverains de la Libye à Khartoum (Soudan), la nécessité d'un dialogue sans exclusive à même d'engager la participation et l'adhésion de toutes les parties concernées, démarche qui est fondée sur le sacro-saint principe du rejet de toute intervention étrangère. En 2014, le conflit en Libye est entré dans une phase critique, les autorités de transition n'étant pas parvenues à mettre en place une armée et une police professionnelles, préférant s'appuyer sur des milices loyales par moments mais promptes à se retourner contre elles pour peu que leurs intérêts soient visés. Avec la décision de la Cour suprême invalidant le nouveau Parlement (issu du scrutin du 25 juin 2014), la Libye a plongé dans une nouvelle phase de tous les dangers, caractérisée par les affrontements entre Fajr Libya (Aube de la Libye), une coalition de milices, et le groupe rival de Zenten. Depuis mai dernier, Benghazi, d'où est parti le soulèvement de février 2011, connaît une vaste offensive du général à la retraite Khalifa Haftar contre les groupes armés dont Ansar al-Charia, avec l'objectif de «rétablir la légitimité» de l'Etat libyen et «éradiquer le terrorisme». Il a obtenu, récemment, le soutien du gouvernement et de l'armée officielle. Mais le pire est advenu au cours des derniers jours de l'année 2014 qui ont été sanglants dans l'Est où des attaques de miliciens visant à prendre le contrôle de terminaux pétroliers et d'une centrale électrique ont provoqué la mort d'une vingtaine de soldats et où des réservoirs pétroliers, dans le terminal de Sedra, ont pris feu. Pour sauver la Libye, les efforts de paix se sont accélérés en 2014, telle l'initiative du Groupe des Etats voisins (Algérie, Libye, Tunisie, Egypte, Soudan, Niger, Tchad) diligenté par l'Algérie qui en préside la commission sécuritaire. C'est dans ce contexte qu'Alger a décidé, en marge des efforts de l'ONU, de lancer une initiative pour amorcer un dialogue national inclusif en Libye loin de toute intervention étrangère, une approche soutenue par plusieurs parties en Libye mais aussi à l'étranger, les Etats-Unis et l'Union africaine (UA) en tête. En attendant l'aboutissement de ces efforts, les Libyens doivent accepter l'idée d'un dialogue sincère pour espérer restaurer la paix et la sécurité de leur pays, condition préalable de son essor économique et d'une transition paisible pour un peuple qui désespère de son devenir.