Plongée dans le chaos depuis 2011, la Libye n'en finit pas de subir les affres d'un pays meurtri dans sa chair au point que le gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale a réclamé hier des armes pour combattre les milices, lors d'une réunion urgente de la Ligue arabe au Caire axée sur le «terrorisme» en Libye même. Malgré d'intenses efforts, les autorités reconnues ne parviennent pas à contrôler les dizaines de milices formées d'ex-insurgés qui font la loi, en l'absence d'une armée et d'une police régulières. Du coup, le pays est divisé entre deux gouvernements et deux Parlements qui se disputent le pouvoir à distance, l'un proche des miliciens islamistes de Fajr Libya (Aube de la Libye) et l'autre reconnu par la communauté internationale, siégeant à Tobrouk, près de la frontière égyptienne. Faute d'une victoire contre ces milices brutales, le risque est de plus en plus grand de voir leur expansion s'accroître avec pour effet immédiat de rendre la perspective d'une solution pacifique totalement aléatoire. Des va-t-en guerre européens ont appelé ces jours derniers à une intervention étrangère, une de plus, pour soi-disant éliminer la menace terroriste qui frappe aux portes de l'Europe, mettant l'accent sur le hub qui s'est développé dans le Sud libyen et qui menace tous les pays frontaliers de la région. Voilà que le président François Hollande a écarté hier l'idée d'une intervention militaire française en Libye, affirmant qu'il revient «à la communauté internationale de prendre ses responsabilités» dans ce pays et, pour l'instant, de «faire en sorte qu'il puisse y avoir un dialogue politique qui n'est même pas installé et que l'ordre puisse être rétabli». Cette mise au point ne revêt pas le caractère d'une simple mise au point interne, elle constitue une fin de non- recevoir aux appels pressants de plusieurs pays de la région sahélienne, tels que le Niger et le Tchad, où le ministre français de l'Intérieur a récemment agité le spectre de l'indispensable intervention militaire internationale, c'est-à-dire de l'Otan. Alors que la Ligue arabe manifeste son désappointement grandissant et son «regret» face aux «blocages des efforts arabes et étrangers» pour rétablir le dialogue entre les parties libyennes en conflit, et tandis que l'initiative de l'ONU s'enlise davantage, la médiation du Groupe des pays riverains de la Lybie, présidé par l'Algérie, a décidé le mois dernier, à Khartoum, de mener lentement et sûrement une négociation même des plus risquées, jusqu'à parvenir à une véritable adhésion de toutes les factions, sans exclusive. Il n'y a pas d'autre voie si l'on veut obtenir l'arrêt immédiat des actions terroristes qui ciblent la principale ressource du pays et parvenir ensuite à une paix durable à laquelle tout le monde aura effectivement souscrit.