Eric Zemmour - Michel Houellebecq L'attentat contre Charlie Hebdo a été perpétré le jour de la sortie du livre controversé sur l'Islam, Soumission de Houellebecq. En visant hier les bureaux de Charlie Hebdo à Paris, les tueurs ont semblé suivre les consignes de parachever une vengeance liée à la publication des Caricatures de Mahomet par l'hebdomadaire en 2006. Mais cet attentat intervient aussi dans un contexte particulier de montée de l'islamophobie en France. Depuis près de neuf ans, l'hebdomadaire satirique est menacé par la mouvance islamiste radicale - ses locaux ont été incendiés en 2011, son directeur promis à la décapitation - et depuis des mois des jihadistes et des responsables islamistes au Moyen-Orient et en Afrique appellent des volontaires à passer à l'action contre la France, à laquelle ils reprochent son implication militaire sur plusieurs théâtres. Charlie Hebdo a fait la Une de son dernier numéro paru ce mercredi sur la sortie de Soumission, nouveau roman controversé de l'écrivain Michel Houellebecq, l'un des auteurs français les plus connus à l'étranger. Ouvrage de politique fiction, le livre brosse le portrait d'une France islamisée en 2022, après l'élection d'un président de la République musulman. «Les prédictions du mage Houellebecq: en 2015 je perds mes dents... En 2022 je fais Ramadan!», fait dire à un Houellebecq caricaturé l'édition de Charlie Hebdo parue hier. D'ailleurs, le roman du sulfureux romancier français Michel Houellebecq, Soumission, s'accompagne d'un débat passionné en France. Dans Soumission, Houellebecq dépeint une France où, à la fin d'un second mandat de François Hollande, l'alternative politique future se limite au Front national, parti d'extrême droite, ou à un pouvoir religieux. Au second tour de la présidentielle, Mohammed Ben Abbes, candidat de la «Fraternité musulmane», parti inventé par l'auteur, bat la patronne du Front national, Marine Le Pen, grâce à une alliance avec des partis de gauche comme de droite. Le pays s'en trouve bouleversé, tout comme le narrateur, le nihiliste François, professeur d'université très «houellebecquien» qui se convertit à l'islam. Par opportunisme, afin de conserver son poste à l'»Université islamique de Paris-Sorbonne», mais aussi pour l'attrait érotique de la polygamie. Qualifié tour à tour de «sublime» ou «d'irresponsable», ce roman de 300 pages, piraté avant même sa sortie, a suscité une avalanche de commentaires dans la presse ou les réseaux sociaux, du jamais-vu à propos d'un roman. Avant lui, Eric Zemmour, un autre écrivain et intellectuel français s'est attaqué violemment aux musulmans. Le journaliste essayiste, dont les propos estampillés racistes, xénophobes ou sexistes font souvent du bruit, a déclaré dans le journal italien Corriere della Serra, publié le 30 octobre dernier, qu'il faut déporter 5 millions de musulmans français? «Susciter des pseudo-débats dans les médias sur l'arrivée hypothétique au pouvoir dans un proche avenir d'un parti musulman (...) ne peut que favoriser l'expansion de sentiments islamophobes au sein de la société française», a déploré hier l'Observatoire national contre l'islamophobie au sein du Conseil français du culte musulman (Cfcm), instance de représentation religieuse de la première communauté musulmane d'Europe, forte de 4 à 5 millions de croyants. Les organes de presse, les grands magasins, les lieux de culte et les transports sont placés en «protection renforcée» en région parisienne. Même dispositif policier renforcé chez Flammarion. La sécurité a été renforcée au sein de la maison d'édition en raison de la sortie du livre de Houellebecq, qui suscite la controverse. Au Danemark, la sécurité a été renforcée mercredi autour du journal danois qui avait choqué avec des Caricatures de Mahomet, à la suite de la sanglante attaque ayant visé l'hebdomadaire français Charlie Hebdo, selon un mémo interne publié dans la presse. Le Jyllands-Posten a informé ses salariés que les mesures pour les protéger allaient être renforcées, d'une manière qui n'a pas été précisée, dans ce document publié par un autre quotidien, Berlingske.