Jamais l'Algérie n'a subi un pareil faisceau de crises de tous bords qui imposent à tous les acteurs de s'asseoir autour d'une table. Le destin de l'Algérie n'est pas écrit d'avance. Pour le FFS, il n'y a pas de fatalité politique mais il appartient aux Algériens de penser, de façonner et d'orienter leur avenir dans le sens où ils le veulent. Convaincu par la justesse de ce discernement, le plus vienx parti d'opposition tend une feuille blanche aux différents acteurs de la société. Et voilà le débat lancé malgré les résistances, les appréhensions. Le FFS est-il compris, est-il cru? pas si sûr car les critiques doublées de préjugés et d'a priori fusent de partout. Le FFS est persuadé que les critiques, allégations, suspicions à l'égard de son initiative sont non fondées. Il les classifie en trois ordres. La première est due à des préjugés et méfiance des uns, vis-à-vis du pouvoir, du fait des expériences de dialogues inaboutis jusqu'à présent; la seconde à des préjugés et méfiance vis-à- vis d'une opposition regroupée au sein de la Cnltd et du Pôle du changement, à cause de ses déclarations hostiles au régime jusqu' à dénier sa légitimité en ne reconnaissant pas les résultats du dernier scrutin présidentiel. Dans ce sens, il a été notamment reproché au FFS de lancer cette initiative au moment où une opposition, essaie de construire un rapport de force pour acculer le pouvoir à négocier une transition démocratique. Le timing choisi pour l'annonce de cette initiative viserait donc, à casser la dynamique du projet de transition et ne servirait que le régime. Et enfin des préjugés et une méfiance de certains, vis-à-vis du FFS à qui il est reproché le flou et l'ambiguïté de sa démarche, de fragiliser l'opposition et d'aider le pouvoir à se pérenniser «Notre initiative n'est ni pour ni contre une partie, un clan ou un autre... Nous sommes des facilitateurs d'une démarche dont le seul objectif est d'établir un cadre de dialogue inclusif pour construire, ensemble, un projet consensuel pour l'Algérie de demain, qui la prémunira des multiples dangers qui menacent son existence», ne cessent de clamer les promoteurs de cette initiative. A tous leurs interlocuteurs, ils proposent de participer à l'organisation de cette conférence pour bien montrer que le rôle du FFS est un, parmi les autres acteurs, en soulignant que la date, l'ordre du jour et le programme relèvent d'une décision collective. Le 12 décembre dernier, le parti a fait une halte de son marathon. Il a tenu une session extraordinaire de son conseil national pour évaluer la première partie des consultations qu'il a jusque-là menées avec les partenaires de la scène politique et sociale. Aussi, pas moins de 36 acteurs politiques et sociaux ont été consultés. Lors de ses rencontres, le FFS a présenté son initiative de reconstruction d'un consensus national qui prévoit la tenue d'une Conférence nationale de consensus. Cette campagne de sensibilisation menée sans répit et sans exclusion a pour objectif de susciter la participation des acteurs et leur contribution à sa préparation. Les parties rencontrées n'ont pas exprimé de refus catégorique de participer à la conférence, attendant d'avoir plus d'informations, sur l'événement, de consulter leurs organes dirigeants ou de voir réunies certaines conditions ou garanties. Tous ont convenu de se revoir pour clarifier leur position. A noter que M.Benflis consulté en tant que personnalité politique, M.Makri en tant que secrétaire général du MSP, ont émis des réserves à cette initiative. Quant à l'institution de suivi et de coordination de la transition démocratique, elle se considère, dans un communiqué, non concernée par l'initiative. Les positions des partis et personnalités réservés sur l'initiative, notent que «le système doit changer radicalement car le pays est en crise dans tous les domaines. Il y a urgence, car on constate qu'il y a vacance du pouvoir, crise de légitimité, crise constitutionnelle et crise institutionnelle». Le constat est fait, et il est alarmiste puisqu'on parle d'effondrement de l'Etat et de chaos prévisible à brève échéance. Les acteurs de la société civile quant à eux sont préoccupés par le rétrécissement des libertés individuelles et collectives. S'agissant des partis au pouvoir, «le mandat du président de la République ne peut être remis en cause. Il a été élu pour un mandat de cinq ans. Parler de transition signifierait qu'il y a vacance du pouvoir. Ce qui n'est pas le cas». Ces partis considèrent que le pays est confronté à des problèmes économiques et sociaux comme tous les autres pays, sans plus. Ils estiment qu'il y a des acquis et c'est à partir de cette donnée fondamentale qu'il faut bâtir le consensus. Entre les victimes du syndrome de la feuille blanche, les farouches opposants et les inconditionnels partisans de l'initiative du FFS, ce sont toutes les contradictions de la société algérienne qui sont étalées sur la place publique. Une étape nécessaire pour établir un vrai diagnostic. Jamais l'Algérie n'a subi un pareil faisceau de crises de tous bords et qui imposent à tous les acteurs de s'asseoir autour d'une table. Et l'appétit viendra en discutant.