L'entrée de l'Université Avec le blocage pur et dur de l'université, c'est le savoir qui est pris en otage. Rien ne va plus à l'université Abderrahamane-Mira de Béjaïa. Le conflit persiste et rien ne présage encore la sortie de crise. «C'est l'impasse», nous renseignent quelques enseignants pour qui cette situation aurait été évitée avec plus de communication entre les différentes parties. «L'université de Béjaïa est complètement bloquée par un mouvement de protestation, initié par d'anciens étudiants, des exclus en somme, qui ont pris en otage les huit facultés de l'université» nous ont-ils déclaré avec beaucoup de regrets, avant d'asséner quelques vérités. «On sort désormais du cadre du mouvement de grève et de la protestation, ce n'est plus de la revendication, du moment qu'on prend en otage tout le monde, puisqu'une minorité d'étudiants bloquent abusivement les deux campus et assiègent le rectorat». La situation se corse davantage encore. En effet, l'université est bloquée depuis des semaines, voire des mois, par quelque 600 étudiants exclus, qui réclament leur réintégration. C'est désormais le spectre de l'année blanche qui pointe à l'horizon. Malgré la décision de réintégrer 140 parmi eux, ces derniers persistent dans leur action jusqu'au-boutiste de faire réintégrer la totalité ou rien. Devant cet état de fait, les enseignants, qui sont restés jusque-là en marge de cette situation, ont décidé de s'impliquer comme acteurs incontournables de la vie et du cursus universitaire. A cet effet, ils ont tenu jeudi dernier, une assemblée générale extraordinaire, sans chapelle organique, où ils ont condamné la violence et le blocage de l'université, exigé le respect des décisions prises par les jurys des délibérations, le refus catégorique de toute réintégration des étudiants exclus pour retard pédagogique, et enfin, un suivi de la gestion de la crise par les comités pédagogiques. Hier matin, à partir de 10h, c'est la coordination locale des étudiants, jointe par les enseignants universitaires, organisée sous la tutelle du Cnes, qui ont tenu une assemblée générale à la bibliothèque centrale du campus de Targa Ouzemour. Une assemblée générale durant laquelle a été débattue la situation qui prévaut à l'université Abderrahmane-Mira de Béjaïa. Dans sa tentative, ladite coordination, qui gère le mouvement de grève, a voulu amener les enseignants à apporter leur soutien aux revendications des étudiants qui se résument à l'amélioration des conditions socio-pédagogiques, le droit aux licenciés d'accéder au master sans conditions et avec respect des choix et surtout la réintégration d'environ 600 étudiants, la revendication principale en somme, exclus du système LMD car ayant dépassé le cursus de cinq années permis par ce nouveau système. De son côté, le conseil syndical du Cnes a appelé dans une déclaration à la sagesse en mettant l'intérêt du savoir et de l'enseignement au-dessus de tout. «Face à la situation chaotique qui prévaut au sein de notre université, nous appelons à l'unité d'action la plus large afin de trouver une solution au conflit qui persiste....l'exclusion est acte administratif...et l'enseignant est un pédagogue qui veille à la qualité de l'enseignement et à son évaluation...» a-t-il écrit en substance. En outre, le Cnes suggère de «prendre en considération les propositions de solutions proposées par la commission ministérielle». Le constat est amer. Si la solution tarde encore à se dessiner malgré les tentatives de médiation menée par une commission ministérielle, il n'en demeure pas moins que la tâche n'est pas aisée pour sauver l'année universitaire en cours. Par ailleurs, il est à signaler que l'administration rectorale a déposé plainte contre une vingtaine d'étudiants accusés d'être à l'origine de la perturbation et derrière cette manipulation.