Un compromis de dernière minute se profilerait entre Ouyahia et Sidi-Saïd à propos du statut de la Fonction publique. Donnée pour compromise, la bipartite aura finalement lieu vers le 10 septembre prochain. Ce sont des sources proches de la centrale Ugta qui nous ont livré en exclusivité cette information. Le miracle, car c'en est un au regard du bouillonnement qui a gagné le front social depuis plusieurs semaines, a été rendu possible grâce à une intervention, jugée salutaire, du président de la République lui-même. Le conflit, désormais ouvert, que nous annoncions dès le mois de mai passé, concerne le statut de la Fonction publique. Le groupe de travail mis en place à la suite de la bipartite qui avait eu lieu l'année dernière, n'a pas pu déboucher sur un consensus. Ce que voyant, l'Ugta, avec l'aide d'experts du secteur, a élaboré sa propre proposition de loi, étalée sur pas moins de 120 articles dont nous avions rendu compte à cette époque. Le gouvernement, ou à tout le moins son représentant au sein du groupe de travail, a émis une série d'insidieux amendements remettant en cause indirectement le devenir de près d'un demi-million de fonctionnaires. Partant de ce constat et du refus des deux parties de faire le moindre pas en arrière, tout était dit. D'autant que l'objectif poursuivi par Ouyahia, dans cette démarche, ne vise rien moins que le début de la mise en application du fameux rapport Sbih portant réforme de l'Etat. Ce document, comportant plus de 1000 pages, dont nous avions rendu compte en son temps, avait été «adopté» par le président Bouteflika, résolu à le mettre en application, quitte à ce que cela prenne plus d'une dizaine d'années. La pierre d'achoppement, qui a atteint un point de non-retour entre le gouvernement et son partenaire social, connaîtra au mieux un consensus et au pire un contournement. Nos sources précisent en effet que le groupe de travail dont le constat d'échec est désormais consommé, est dissolu de facto. Ce sont donc Ahmed Ouyahia et Abdelmadjid Sidi-Saïd qui prendront le relais lors de la bipartite. Celle-ci, que l'on pensait compromise elle aussi, «aura finalement lieu aux environs du 10 septembre prochain». En attendant, nous dit-on encore, des contacts préliminaires auront lieu entre le chef du gouvernement et son partenaire social. Ceux-la, qui se feront dans une extrême discrétion, devraient également avoir lieu en marge de l'université d'été du RND, prévue ce week-end à Constantine. Ces universités, ne l'oublions pas, sont des occasions rêvées pour toutes les rencontres informelles en vue d'attaquer de pied ferme la rentrée sociale. Ainsi, si le secrétaire général du RND est également chef du gouvernement, il n'en compte pas moins dans les rangs de la direction de son parti la plupart des secrétaires nationaux de l'Ugta. Celle-ci, qui compte bien obtenir gain de cause à cette occasion, projette de réunir son état-major le 2 septembre prochain. L'ordre du jour de cette rencontre, nous disent encore nos sources, portera sur les derniers préparatifs de la bipartite. Ainsi, nous apprenons que les trois autres groupes de travail ont finalisé leurs dossiers sans encombre et les ont même déposés sur le bureau d'Ahmed Ouyahia, alors que Sidi-Saïd en a reçu copie. Quant au statut général de la Fonction publique, la rencontre ultime, puisque tous les intermédiaires ont été supprimés, se fera directement entre ces deux responsables. Dans le cas où aucun consensus ne pourrait être trouvé, ce que nos sources n'excluent guère, le texte sera retiré tout bonnement, d'autant que ce dossier, qui traîne dans les tiroirs de l'Exécutif depuis au moins 1998, peut bien attendre encore quelques années puisque la priorité de Bouteflika, nous dit-on encore, est de négocier une rentrée sociale sereine. C'est pour cette raison, du reste, que des points supplémentaires seront ajoutés à l'ordre du jour de la bipartite. Il s'agira notamment de la menace de grève nationale brandie par la fédération de l'agroalimentaire. Ainsi, des signes d'apaisement certains devraient se faire jour au moment même où le pays amorce la dernière ligne droite vers la rentrée sociale et où les informations les plus «alarmantes» ont commencé à être répercutées.