El Islah va peser de tout son poids afin d'y introduire des amendements dans certains chapitres. Le code de la famille est de nouveau dans le collimateur de Djaballah. Il ne désespère pas de faire capoter l'un des projets qui contrastent profondément avec sa ligne politique. Le chef de file d'El-Islah (MRN) qui avait tablé sur une large désapprobation populaire que susciterait le code de la famille dans sa nouvelle version, revoit son enthousiasme à la baisse. Ses mises en garde contre un code de la famille «foncièrement inspiré de la culture occidentale» ont eu un effet contraire: la résistance est si faible que l'avant-projet de loi portant révision de ce code est déjà entériné par le conseil de gouvernement. Acte désespéré ou sursaut d'orgueil? le MRN s'est engagé sur un nouveau front qui est la voie parlementaire. En fait, une source proche du parti nous a confirmé l'organisation d'une journée parlementaire à laquelle «plusieurs intellectuels seront invités». La finalité de ce rendez-vous, enchaîne notre source, «est de sensibiliser la société des dangers que véhicule le code de la famille tel que conçu par le président de la République». Ainsi donc, El-Islah, à défaut de pouvoir provoquer le retrait de l'avant-projet de loi «indésirable», va peser de tout son poids afin d' y introduire des amendements dans certains chapitres. Avec ses 42 députés, Djaballah se démènera, à coup sûr, en vue de rééditer la «percée» réussie concernant l'interdiction d'importer les boissons alcoolisées. Cependant, il semblerait que l'entreprise ne soit pas d'une grande influence sur le décompte final. En effet, si le MRN a bénéficié de l'aide de plusieurs formations politiques pour que l'amendement relatif à l'importation des boissons alcoolisées soit ratifié, il paraît isolé dans sa démarche d'amender un code de la famille qui sera prochainement soumis au débat parlementaire. Les partis politiques les plus en vue à la chambre basse ont affiché un soutien indéfectible au programme de Bouteflika à telle enseigne qu'il est inconcevable qu'ils lui portent la contradiction. Même le MSP qui a longtemps prôné un discours islamiste semble avoir pris ses distances par rapport aux idées «islahistes». La fragile corde qui liait les deux blocs islamistes s'est définitivement rompue après que le MSP eut décidé de «lâcher» Djaballah au profit d'une «alliance présidentielle» complètement acquise à Bouteflika. C'est alors que le MRN s'est permis de qualifier son frère ennemi d'«apostat», ce qui est du point de vue religieux la pire des trahisons. Du coup, le «pari» de Djaballah ne se présente plus sous de bons auspices. Des pans entiers de la société veulent en finir avec un code jugé «rétrograde». Les deux chambres du parlement où le FLN et le RND détiennent la majorité presque absolue ne montrent aucun signe de frilosité à adopter le code de la famille avec toutes ses modifications. El-Islah qui a, réellement, perdu la bataille le 8 avril 2004, pourrait essayer, via la polémique sur le code de la famille, de détourner l'attention sur la crise interne qui le secoue. Une façon de dépasser les querelles de clocher qui le ravagent. Tout comme le FFS qui dépose des gerbes de fleurs tandis qu'il est confronté à un retentissant désordre interne.