La lutte contre Boko Haram éclipsera, sans aucun doute, la situation sécuritaire en Libye et le conflit sud-soudanais, au 24e Sommet de l'Union africaine (UA) dont les travaux commenceront vendredi prochain. Les ministres des Affaires étrangères, dont Ramtane Lamamra, planchent depuis lundi sur ces dossiers. Le Nigeria peine à contenir l'avancée de Boko Haram. Aujourd'hui, ce groupe terroriste constitue une menace pour toute la sous-région et la paix en Afrique. Les massacres perpétrés dans la région de Baga (nord-est) et les incursions meurtrières de ce groupe terroriste dans le nord du Cameroun ont fini par convaincre certains chefs d'Etat de l'Afrique de l'Ouest de la nécessité de « soutenir » le Nigeria. Comment ? « Par la mise en place d'une stratégie continentale pour contrer Boko Haram », répond Jean Mfansoni, secrétaire général de la Commission de l'UA, dans un point presse qu'il a animé, lundi passé, au siège de l'organisation à Addis-Abeba. En clair : la création d'une force d'intervention multinationale qui agirait sous mandat des Nations unies. Le Nigeria rejette l'éventualité d'une intervention de l'UA ou de l'Onu. « Nous avons les capacités de gérer le problème Boko Haram avec nos seuls partenaires de la sous-région (le Niger, le Tchad et le Cameroun) », a soutenu le conseiller à la sécurité du président Goodluck Jonathan. Selon toute vraisemblance, l'UA n'adhère pas à cette thèse souverainiste. Smaïl Chergui, commissaire paix et sécurité de l'organisation, a participé, le 20 janvier dernier à Niamey, à une réunion ministérielle anti-Boko Haram, où le Nigeria a délégué son ambassadeur sur place. Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente de la Commission de l'UA, qui a lancé le lendemain cette phrase lourde de sens : « Boko Haram constitue une menace non seulement pour le Nigeria et ses voisins, mais aussi pour l'ensemble du continent », a appelé, lundi à Addis-Abeba, lors de la réunion préparatoire du Sommet, à « une action africaine collective contre Boko Haram ». « C'est une menace pour l'ensemble du continent. C'est une menace mondiale qui doit être traitée au niveau mondial, mais avec l'Afrique en tête », a-t-elle martelé. L'UA, qui a salué le Tchad pour « sa disponibilité à aider le Cameroun » et « accéléré ses consultations avec les Etats membres, les communautés économiques régionales et d'autres partenaires sur la façon de traiter avec Boko Haram », pourrait demander au Conseil de sécurité deux choses : un mandat pour créer une force d'intervention multinationale et un fonds spécial pour financer cet effort de guerre. Le conflit sud-soudanais, qui a fait 50.000 morts depuis le mois de décembre 2013, selon l'ONG International Crisis Group, et la situation sécuritaire en Libye, désormais hors contrôle et source d'inquiétude pour ses voisins, seront aussi abordés lors de ce sommet. Comme certains pays, le Tchad et le Niger réclament une intervention militaire en Libye et d'autres, l'Algérie, l'Egypte, le Soudan et la Tunisie, militent pour un appui franc et sincère au processus politique, ce sujet sera abordé demain dans la capitale éthiopienne lors de la réunion du groupe de contact international sur la Libye. « En 2014, dix gouvernements africains rivalisaient avec des groupes non étatiques en vue d'exercer un contrôle territorial, ce qui correspond à une croissance de plus de 50% par rapport à l'année dernière », telle est la principale conclusion du dernier rapport de Think Security Africa, un groupe de réflexion indépendant spécialisé dans les questions relatives à la sécurité dans le continent noir.