Le groupe, que l'on dit proche d'Al Qaîda, garde un pouvoir de nuisance pour le moins inquiétant. Même s'il ne fait aucun doute sur l'identité des auteurs des sanglants attentats qui ont visé ces derniers jours les forces de l'ordre à Boumerdès, leur revendication par le Gspc sur son site Internet vient en quelque sorte confirmer un simple axiome. Dans un communiqué, ce groupe, en train de revenir en force en multipliant les attentats sanglants à l'est de la capitale, admet au passage, pour la première fois il faut le signaler, la perte de son émir national. Ce dernier, Nabil Sahraoui, avait été abattu en juin dernier en compagnie de l'ensemble de ses lieutenants par les forces de l'ANP lors d'une opération qui avait été organisée sur les hauteurs de Béjaïa. Après la «liquidation physique» de Hassan Hattab, fondateur du Gspc en septembre, 1998 à la suite d'une scission avec le GIA, le Gspc s'est dont retrouvé décapité, et incapable de réunir les instances habilitées afin de désigner un nouveau responsable national. Dans son communiqué, le groupe, qui indique qu'un des soldats tués lors de l'attentat de mardi passé portait le grade de capitaine, précise que toutes ces attaques visent à venger la perte de son émir national. Des témoignages précis et recoupés, que le Gspc confirme dans son communiqué, précisent que, bien souvent, les agents des forces de l'ordre sont assassinés dans des faux barrages où les terroristes portent des treillis militaires quasi réglementaires, lorsque ce ne sont pas des tenues de policiers, de gardes communaux ou de gendarmes. Les auteurs du communiqué, confirmant les dires de nombreux citoyens tombés dans leurs rets, précisent dépouiller les gens de leurs or et argent afin de financer leur terrorisme. Sans vergogne aucune, ils maintiennent que les gens se délestaient volontiers de leurs objets précieux. Il est de la sorte confirmé que le Gspc ne dispose toujours pas d'un émir national même si ses attaques se font de plus osées et précises, notamment dans la région de Boumerdès. Cela tendrait à confirmer les informations que nous avions données initialement: ce serait le groupe d'Alger, activant sous les ordres du dénommé Bouti, alias Abou Lablaba. Le groupe, formé de 13 personnes, nous dit-on, aurait été localisé et était sur le point de tomber entre les mains des forces de sécurité après avoir échoué à réactiver ses réseaux dormants, notamment à Bab El Oued et à la Casbah. C'est ce qui expliquerait ce transfert des actions terroristes vers Boumerdès, mais aussi la nature particulièrement sauvage des attaques puisque tous les gens activant sous les ordres de Bouti sont des «vétérans» du GIA. Ces derniers, contrairement aux activistes du Gspc, sont habitués à la guérilla urbaine. C'est ce qui explique la manière avec laquelle des attentats sont commis aussi bien de jour que de nuit, en recourant à des ruses jamais utilisées jusque-là. La terreur, qui gagne de nouveau les chaumières, alors que nous pensions le terrorisme réduit à néant, fait craindre des jours sombres, sachant que des sources précisent que les terroristes, désormais sans chef, divisés en groupes disparates et en quête de prébendes diverses, pourraient suivre le cheminement du GIA et arriver à commettre des massacres contre les populations isolées et désarmées.