Au lendemain de la marche nationale du mouvement citoyen à Ouzellaguen, la Coordination interwilayas, daïras et communes tire un premier bilan et annonce une prochaine réunion à Bouira. Le mouvement citoyen, plus ragaillardi que jamais, a tiré les premières conclusions de son action du 20 août, à Ouzellaguen. Donc, pour essoufflé, il a su montrer sa force, une force qui se veut tranquille et surtout pacifique. Une force puisée dans l'enracinement des positions au sein de la population et aussi dans la justesse des revendications, portées à bout-de-bras par des citoyens sincèrement engagés dans la lutte pour la citoyenneté. La réussite grandiose et sans conteste de la marche d'Ifri redore le blason des ârchs, que d'aucuns ont voulu ternir. C'est aussi, en quelque sorte, une revanche de l'histoire immédiate: interdits de cité à Alger, les ârchs sont allés se «plaindre» à Ouzellaguen. Les âmes des artisans de la Soummam: Belkacem Krim, Abane Ramdane et toutes les belles figures de l'Algérie combattante ont, certainement, entendu la complainte des citoyens. Revenus requinqués d'Ifri, les ârchs entendent donner de la voix, lors de la prochaine rentrée sociale. C'est d'ailleurs, et après les analyses de la marche du 20 août, ce à quoi s'attellera, à Bouira, la Coordination interwilayas des ârchs, lors de son prochain conclave prévu le 30 de ce mois. Ce sera, également, la fin des «vacances» et la rentrée officielle, aussi bien sociale que politique. Une rentrée assez particulière, notamment pour les formations politiques, qui seront face à des échéances déterminantes. Sans être partisans, les ârchs sauront peser de tout leur poids, et quel poids, dans la balance. Ils seront ainsi courtisés et de manière ostensible par tout un chacun. Seulement, les ârchs, que beaucoup pensent «archaïques», ont su s'entourer de digues pouvant leur éviter tout dérapage. Ainsi, et jusqu'à un éventuel «remaniement» des concepts adoptés à Assi Youcef et à Ouacifs, aucun élément n'est en mesure de «dialoguer» seul, ou du moins, de tirer, pour sa propre personne, un profit du combat de tous. Il va sans dire, et les ârchs le savent, il faut bien qu'un jour, l'on s'assoie autour d'une table et de façon courageuse pour aborder tous les problèmes qui, aujourd'hui, semblent retarder l'avènement d'une démocratie véritable. Certes, la plate-forme d'El-Kseur, à laquelle se cramponnent les ârchs, peut apparaître, pour beaucoup, excessive sur un point au moins: le démantèlement des brigades de gendarmerie. Mais, à bien réfléchir, ce point, «bloquant» en lui-même, est une précieuse aide apportée à l'Etat. En focalisant sur certains dépassements de quelques éléments de ce corps, c'est finalement aider ce corps à faire «sa toilette» et ainsi retrouver cette dignité, qui a failli s'estomper à jamais. Il ne restera plus qu'à trouver les voies et moyens pour y parvenir. Et c'est faire injure à l'Etat que de soupçonner un seul instant une panne de réflexion à ce niveau. A l'Etat, donc, d'aborder, sereinement et de façon responsable, cette étape de notre histoire. Etape, certes, assez difficile car il ne s'agit, ni plus ni moins, que de réformer des mentalités toujours accrochées à la pensée uniciste. L'avenir se prépare dans la douleur, toutes les nations modernes sont passées par-là, on ne fait pas du saute-mouton avec la dialectique démocratique. Pour leur part, les ârchs, semblent l'avoir compris et c'est forts de cette lecture qu'ils demeurent déterminés à aller de l'avant, au moins jusqu'à la satisfaction des revendications contenues dans la plate-forme d'El-Kseur.