Après avoir bombardé des cibles de l'EI en Libye, al-Sissi (en civil) sollicite l'appui international L'Algérie s'est félicitée de la médiation onusienne qu'elle a soutenue et encouragée de diverses manières... Depuis quelques jours, les appels à une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU autorisant une nouvelle intervention armée en Libye se multiplient, à la suite des récentes violences de l'organisation terroriste Daesh. Après l'Italie qui, par la voix de sa ministre des Affaires étrangères, a affiché clairement ses craintes face à un «péril» désormais situé à 350 km de ses côtes, chose inacceptable pour un pays qui s'est impliqué dans la guerre en Irak et en Syrie, loin de ses bases traditionnelles, voilà que l'Egypte et son président, le général Abdel Fateh El Sissi, réclame à son tour une coalition pour en finir avec le chaos libyen. Ainsi, le Conseil de sécurité se réunira aujourd'hui même pour entendre le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, probablement soutenu par les pays arabes qui ont fait partie de la coalition de 2011, et par la France et l'Italie, dans son plaidoyer pour une nouvelle intervention armée, conditionnée cependant par l'accord du gouvernement libyen reconnu. Ces appels au martyre du peuple libyen sont-ils vraiment réfléchis? Car de quelle intervention militaire s'agit-il et comment va-t-on en finir avec les groupes qui se revendiquent de l'Etat islamique? Certainement pas à coups de bombes et autres missiles frappant des cibles «soigneusement choisies», dont on apprendra par la suite qu'elles n'avaient rien à voir avec Daesh. En mettant à l'index tout un peuple, sous prétexte de combattre un groupe terroriste, dont rien n'indique qu'il soit clairement positionné, il y a un pas de franchi dans la complication gravissime d'une situation déjà suffisamment complexe par sa nature, sa problématique et les dangers qu'elle fait peser sur toute la région, en général, et les pays voisins de la Libye, en particulier. En somme, le dilemme est le suivant: faire la guerre à Daesh, oui, faire la guerre aux diverses factions du peuple libyen, non. C'est la trame adoptée par l'Algérie dans sa démarche qui consiste à convaincre toutes les parties en conflit à adhérer au dialogue inclusif, afin de rétablir une concorde et une entente consensuelle à même de restaurer la paix et de préserver l'intégrité de la Libye. Toutes les parties, excepté les groupes terroristes, est-il sans cesse précisé. Partant de là, l'Algérie s'est félicitée de la médiation onusienne qu'elle a soutenue et encouragée de diverses manières, tant est grande sa conviction que, seul un accord politique peut contribuer à la solution concrète. Dans le chaos qui affecte le pays, et malgré les tiraillements des milices qui maintiennent les affrontements tout en se disant prêtes au dialogue, il est certes tentant de recourir à la force mais les précédents sont là qui montrent, et même démontrent, la vanité du recours à l'intervention armée dont les groupes terroristes seront seuls à tirer avantage, en armement et en recrutement. Cette option, si elle venait à être entérinée par le Conseil de sécurité, serait lourde de conséquences, non seulement pour le pays en crise depuis 2011, au lendemain de l'intervention militaire conduite par la France, mais également pour ses voisins immédiats qui sont la Tunisie et l'Algérie. Ce serait là la solution du pire et il est heureux que les Etats-Unis aient, aussitôt, exprimé leur soutien à un «règlement politique du conflit en Libye», et leur «ferme appui aux efforts déployés par le Représentant spécial de l'ONU».