Confrontés à un grave problème financier, les responsables avouent leur échec face au péril acridien. Les pays du Sahel n'arrivent pas à enrayer ce phénomène dévastateur. Ils éprouvent de graves difficultés à réunir les fonds nécessaires estimés à 100 millions de dollars. Un responsable du ministère de l'Agriculture ne cache pas ses appréhensions concernant une éventuelle invasion de l'Algérie par les criquets pèlerins en octobre prochain, un mois qui enregistre un taux d'humidité élevé. «Quand les terres du Sahel seront sèches, les essaims de criquets vont remonter vers le Nord. L'Algérie devra recevoir les populations de criquets dans un mois.» Ces craintes sont d'autant plus attisées que la situation n'a pas évolué d'un iota. Elle empire de jour en jour. «La situation est incontrôlable et il est difficile de prédire un dénouement heureux. Les pays concernés se trouvent dans l'incapacité de faire face au problème. Ils sont dépassés du fait du manque d'argent.» Les acteurs impliqués dans cette lutte acharnée sont à pied d'oeuvre depuis que la menace s'est déclarée dans certains pays du Sahel. La Mauritanie a été l'une des contrées, les plus touchées par ce fléau. A ce propos, on indique que «l'invasion des criquets, en provenance de la Mauritanie, s'est accentuée depuis le 28 juillet dernier, pour atteindre la surface de 10 km²». A une question sur l'aide internationale, le cadre du ministère de l'Agriculture dépité, affirme que peu d'intérêt est porté à la souffrance de ces pays. «L'aide est insignifiante.» La phase actuelle nécessite encore plus d'argent. Seuls quelques organismes et pays ont répondu présents à l'appel aux fonds. La Grande-Bretagne s'est engagée à débloquer 2,8 millions de dollars. La Banque africaine de développement a approuvé un don de 2 millions de dollars pour une aide d'urgence en faveur de huit pays africains. L'Algérie, le Mali, le Maroc, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, le Tchad et la Tunisie bénéficieront de cette aide dont la gestion sera assurée par la FAO. Cette dernière a reçu 11 millions de dollars des bailleurs de fonds. Vendredi passé, le président sénégalais Abdoulaye Wade, tout en saluant les efforts consentis par notre pays, a lancé des appels de détresse. «Nous avons des moyens humains pour lutter contre les criquets. Nous avons besoin surtout de moyens matériels et de pesticides.» Outre l'envoi, le 8 août courant, de 100 atomiseurs à dos et de 100 kits de protection, dans la région de Matam, l'Algérie a dépêché, il y a une semaine, des techniciens avec trois véhicules équipés pour appuyer les moyens humains et matériels déployés par le Sénégal dans la région de Saint-Louis Suite. Les services algériens de lutte contre les criquets sont très actifs sur le terrain. 16 équipes d'intervention ont été diligentées au Sahel avec 48 véhicules et un don de 400 atomiseurs à dos et 400 kits de protection ainsi que 80.000 litres de pesticides. A l'effet de plancher sur une méthode efficiente contre le fléau, les ministres de l'Agriculture et de la Défense de 16 pays africains se réuniront après-demain à Dakar, en présence des membres de la FAO. Dans le même sillage, une rencontre d'experts aura lieu aujourd'hui. Elle a été convoquée à la demande du président sénégalais pour se pencher notamment sur une mise en commun des moyens de lutte pour enrayer le péril acridien des zones les plus touchées. «Les criquets, pour le moment, sont dans un cycle de reproduction/ponte, facilité par les pluies d'hivernage qui tombent sur ces régions» expliquent les experts. Il faut dire que la météo a annoncé un changement de climat qui a tendance à se rafraîchir. Des averses de pluie sont attendues. Un facteur déterminant favorisant la prolifération des criquets. L'agence des Nations unies faisant un constat alarmant a estimé que «le fléau de cette année pourrait se révéler plus important que celui de 1987/89 qui avait causé des dégâts alimentaires de l'ordre de 600 millions de dollars et une lutte de cinq ans. Il y a un réel danger sur le monde rural à qui on doit éviter de tomber dans la logique infernale de l'assistance alimentaire et de la mendicité». En ce qui concerne l'Algérie, le responsable rassure en déclarant que «nous sommes prêts à parer à toute éventualité. Les moyens humains et matériels seront mobilisés pour y faire face.»