Le palais royal continue de faire preuve de duplicité dans son discours et sa pratique. La réouverture des frontières qui constitue une priorité pour Rabat est devenue un leitmotiv pour le gouvernement de Driss Djettou qui ne fait aucun effort pour montrer sa disponibilité à oeuvrer pour une politique de bon voisinage et de respect mutuel. La légèreté avec laquelle est gérée le problème des clandestins africains par les services de sécurité marocains constitue un signal fort du peu de cas que font les gardes frontières marocains quand il s'agit de renvoyer vers (l'Algérie) tous les intrus arrêtés sans papiers. Il y a quelques jours, l'Algérie avait reconduit vers le Sud environ 500 clandestins identifiés comme étant de nationalité malienne. Les Marocains au courant de l'affaire se sont empressés, la nuit même, de renvoyer vers l'Algérie près de 1000 clandestins arrêtés non loin de l'enclave de Ceuta et Mellila. C'est une preuve de la mauvaise foi des autorités marocaines qui n'hésitent pas à enfoncer le clou quand l'occasion se présente. On serait tenté d'espérer que ces pratiques ne soient que le fruit du zèle de certains fonctionnaires en mal de sensationnel mais, de l'aveu de certains clandestins refoulés vers l'Algérie, il semble que cette pratique est institutionnalisée puisque le dernier des gendarmes marocains a pour instruction, en cas d'arrestation de clandestins, de procéder à leur renvoi vers l'Algérie. Que cache cette volonté apparemment délibérée de maintenir la région frontalière sous la pression des clandestins? Pis encore, on parle de certains gendarmes marocains impliqués dans certains réseaux de drogue démantelés en Algérie. Ces derniers font le démarchage auprès de producteurs de Ketama et escortent jusqu'aux frontières les camions chargés de drogue et destinés à l'Algérie. Tous les réseaux de trafic (carburants, rond à béton, drogue ou produits alimentaires et effets vestimentaires) qui activent en Algérie ont leurs relais parmi les gendarmes marocains de la bande frontalière. Cette situation a fait, selon certains écrits de la presse marocaine, l'objet de rapport de la DST qui avait précisé l'implication d'éléments de services de sécurité dans les trafics en direction de l'Algérie, mais sans susciter de réaction de la part du palais de Rabat. Ce silence et cette indifférence ne sauraient être expliqués que par une volonté de la part des Marocains de réaliser un véritable travail de sape en direction de l'Algérie pour l'amener, affaiblie, à la table des négociations quand il s'agira de discuter de l'ouverture des frontières.