Le président du COA ne veut pas dramatiser la participation algérienne. L'Expression: La délégation algérienne qui a participé aux Jeux d'Athènes retourne au pays sans aucune médaille. Considérez-vous ce résultat comme un échec pour vous? Mustapha Berraf: Absolument pas. Pourquoi voulez-vous que ce soit un échec? Ce n'était pas moi qui étais sur la piste, sur un ring ou sur un tatami. Je suis le responsable d'un comité qui a envoyé des athlètes concourir à des jeux Olympiques. Ma mission s'arrête-là. Avant le départ pour Athènes, vous aviez tout de même tablé sur cinq médailles... C'est vrai, mais je n'avais pas donné ce chiffre comme que pronostic mais comme qu'objectif. La différence est de taille... Sur quoi vous basiez-vous pour fixer cet objectif de 5 médailles? Sur le potentiel que nous avions. Une Benida Merah en pleine possession de ses moyens n'était-elle pas médaillable? Un saïd Guerni champion du monde du 800 mètres ne l'était-il pas tout autant? Et je passe sur un Hammad qui reste parmi les meilleurs sauteurs du monde en hauteur, un Saïdi Sief qui, en finale du 5000 m, s'il avait couru comme en demi-finale, aurait pu assurer une place sur le podium. Je pourrais citer aussi Baya Rahouli, championne du monde du triple saut en junior dont la consécration ne pouvait se faire qu'aux JO. Et puis, il y a la boxe qui nous promettait deux podiums mais qui, hélas, est passée à côté. Cet objectif de 5 médailles, vous le visiez sur quoi? Sur les estimations des fédérations sportives. La grande majorité de nos athlètes avaient gagné leur place aux JO sur le terrain. A partir de là, nous n'avions pas le droit de les en priver. Le COA s'occupe de l'organisation de la participation et non de la préparation. C'est pourquoi il s'en tient aux indications que les fédérations leur communiquent; ce sont elles qui savent où en sont leurs athlètes et ce qu'ils valent. Vous parlez d'organisation de la participation. Peut-on savoir à combien elle se monte? Nous avons reçu des pouvoirs publics 12 millions de dinars. Ne croyez pas que c'est une somme énorme. Il y a des pays qui nous dépassent largement sur ce plan. Et là, je vous parle d'une participation aux jeux Olympiques, c'est-à-dire le top du sport universel. Vous nous parlez de préparation à la participation mais vous n'évoquez pas la préparation tout court des sportifs? Je ne vous en parle pas parce que le COA n'a aucune indication sur le sujet. Entendons-nous bien. Je ne suis pas en train de critiquer les pouvoirs publics qui aident directement les athlètes à se préparer. Ce que le COA voudrait savoir, c'est combien ces athlètes perçoivent et ce qu'ils font réellement de l'argent qu'ils ont reçu. Le COA veut connaître ce qui fait quoi et avec quoi. Il n'y a rien d'impossible à cela. Cette histoire de préparation vous contrarie à ce point? Ce n'est pas qu'elle me contrarie, mais je pense que le COA a le moyen de résoudre pas mal de problèmes. Cela fait des années qu'il plaide pour un centre de préparation de nos équipes nationales en Algérie, si possible en altitude. Ce n'est que cette année que nous avons eu Tikjda. J'ai suivi El Guerrouj après ses deux finales victorieuses. Il mettait en avant le centre de préparation dont il dispose au Maroc. Il est indispensable que le mouvement sportif national se dote d'un tel outil de travail. Un dernier mot, si vous le voulez. Pas trop déçu de ces jeux? Vous voulez parler des Grecs. Ils ont fait avec leurs moyens ce qui peut se faire de mieux en matière de préparation. Il faut le souligner. Pour ce qui est de la participation, elle a été à l'image de notre sport, c'est-à-dire capable de hauts comme de bas. La déception est toute relative.