Des islamistes, appartenant vraisemblablement au parti dissous tentent de récupérer la colère des Algérois, née du drame des inondations, pour lancer un soulèvement. Une marche est apparemment prévue sur la présidence. Elle risque d'avoir lieu aujourd'hui. On craignait que des charognards ne sortent de leurs trous pour profiter de la catastrophe des Algériens pour des visées politiciennes. La crainte est désormais justifiée. Depuis lundi dernier, la mouvance islamiste radicale, l'ex-FIS, découvre qu'elle a toujours des «épines» qui pourraient faire mal. Une fois les préparatifs sur le terrain accomplis (opérations de secours, jets de pierres contre le Chef du gouvernement, le Président hué), les islamistes passent à l'action en organisant leur première sortie dans la rue. L'objectif des meneurs est de monter des jeunes en désarroi contre les services de l'ordre... Comme première étape. La tentative de lundi a été un échec. En revanche, les adultes qui encadraient la foule ont levé le voile sur leurs profondes intentions, c'est-à-dire instrumentaliser le malheur des milliers d'Algériens en deuil afin de réaliser une explosion populaire truffée de protestations, de marches et d'une vague de contestation de plus en plus vaste. La marche avortée de lundi en direction du Palais du gouvernement est le signe avant-coureur des motivations des encadreurs de la démonstration d'autant que les slogans pro-Hattab et pro-Ben Laden scandés ont été entrecoupés du fameux «Alayha n'hya Alyha namout», ce slogan cher à l'ex-FIS. Presque le même scénario a été constaté au quartier Meissonier où les mêmes «têtes» ont misé sur une émeute qui opposerait les services de l'ordre aux jeunes traumatisés par les morts, les disparus et les blessés des dernières intempéries. Nullement découragés, les agitateurs ont refait surface quelques heures plus tard. Dans la nuit de mardi, le porte-à-porte a été initié à Bab El-Oued pour recruter des révoltés contre «l'Etat et ses dirigeants qui ont abandonné le peuple». Le discours de ces visiteurs de nuit qu'on a identifiés comme anciens militants de l'ex-FIS risque d'être entendu. Une marche «spontanée» a été ensuite improvisée et a failli atteindre le but escompté. A partir de cette énième tentative de soulever la population touchée directement par la catastrophe, «avant que ce ne soit trop tard» et dans Bab El-Oued, cet éternel fief des islamistes, l'empreinte de l'ex-FIS commence à devenir plus visible. Pour preuve, la fameuse mosquée Es-Sunna a été le théâtre d'autres actions menées par les hommes de ce parti (voir l'article de Brahim T.). Hier encore, plusieurs rassemblements ont été organisés dans différents quartiers d'Alger afin de maintenir «la rage des abandonnés» et de faire monter d'un cran la tension qui plane sur la capitale. Les islamistes radicaux, qui se noient dans le magma des agitateurs de tous bords préparent déjà, dit-on discrètement, une deuxième démonstration de rue. Il s'agit vraisemblablement d'une marche qui prendrait la direction de la présidence à partir du quartier meurtri de Bab El-Oued. Trois facteurs risquent de rendre aisée la besogne de ceux qui ont mis le feu dans le pays dix ans durant. D'abord cette catastrophe naturelle qui a frappé sans pitié certaines wilayas, notamment Alger et qu'on ne peut dissocier des irresponsabilités des autorités. Ensuite cette traditionnelle mauvaise manière de gérer les crises par le pouvoir. On aurait pu prendre en charge les victimes du drame d'une façon plus prompte et plus rationnelle. Enfin, ce qui est le plus inquiétant c'est la difficulté de répondre à cette simple question : pourquoi l'ex-FIS active-t-il encore aujourd'hui?