L'onu préconise un strict embargo sur les armes en direction de la Libye Le rapport recommande la création d'une force de surveillance maritime pour faire face «aux trafics d'armes et à l'exportation illégale du pétrole, source avérée du financement du terrorisme». La sagesse a prévalu puisque l'ONU a appelé, hier, au renforcement de l'embargo sur les armes en Libye, affirmant, dans un nouveau rapport, que la capacité de Tripoli à empêcher le flux de ces armes qui circulent dans le pays est «presque inexistante». Avec cette conclusion motivée, l'organisation onusienne a balayé définitivement les arguments invoqués aussi bien par les représentants du gouvernement reconnu de Tobrouk que par les dirigeants égyptiens qui sont montés au créneau le lendemain même de l'assassinat de leurs 21 ressortissants coptes par les milices proches de l'EI. Une concession, cependant, parfaitement raisonnable et allant dans le sens de l'appui attendu par la médiation que conduit le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour la Libye, le rapport du groupe d'experts recommande également la création d'une force de surveillance maritime pour faire face à la fois «aux trafics d'armes et à l'exportation illégale du pétrole, source avérée du financement du terrorisme». En préconisant la création par le Conseil de sécurité d'une force de surveillance maritime «pour aider le gouvernement de la Libye à sécuriser ses eaux territoriales» et empêcher le commerce des armes qui violerait l'embargo, alors que Tripoli a récemment demandé la levée de l'embargo imposé par les Nations unies, les experts confortent explicitement la démarche conduite par la médiation onusienne à laquelle contribue, dans le cadre de l'Unon africaine, celle du Groupe de contact des pays voisins que préside l'Algérie.... La communauté internationale qui s'inquiète, de plus en plus, de l'émergence en Libye de groupes armés affiliés à l'organisation autoproclamée «Etat islamique» (EI-Daesh), au point que des pays comme la France et surtout l'Italie avaient alerté les partenaires de l'Union européenne quant à l'urgence d'une intervention armée, appels vite relativisés par les Etats-Unis et d'autres pays membres du Conseil de sécurité favorables à la médiation de l'ONU, semble se rallier unanimement à la solution politique, inlassablement défendue par l'Algérie. Tout indique, dès lors, que le travail patient et méthodique de l'Algérie en vue de réunir autour de la table des négociations les parties concernées par le dialogue inclusif, à l'exception des groupes terroristes, constitue désormais le cheval de bataille de la communauté internationale, désireuse d'en finir avec le syndrome libyen, incarné par l'Etat islamique, dans un cadre fédérateur de toutes les forces en présence, gouvernements et parlements rivaux, d'une part, Fajr Libya ou autres milices, d'autre part. Tout en refusant de contribuer au détournement des armes, y compris non létales, au profit des groupes affiliés à Daesh, la communauté internationale ne cache pas son impatience de voir un gouvernement unifié en Libye naître du dialogue en cours, bien que les efforts de l'ONU pour atteindre cet objectif n'aient pas encore connu le progrès espéré. Si l'on en juge par la suspension, décidée la semaine dernière, de sa participation au dialogue sur l'avenir politique en Libye organisé sous l'égide de l'ONU par le gouvernement et le Parlement reconnus par la communauté internationale, il reste encore beaucoup à faire pour convaincre ceux-là même qui paraissaient acquis à cette option. Les discussions indirectes de Ghadamès, le 11 février dernier, avaient laissé planer l'espoir d'un avènement rapide du gouvernement d'union nationale souhaité par l'ONU et l'UA mais les embûches sont encore nombreuses et le travail de médiation souterraine risque d'être ardu et long. L'Algérie et le Groupe des pays voisins ont l'avantage de connaître les enjeux et les belligérants, et qui plus est ils bénéficient de l'aval explicite du Conseil de sécurité de l'ONU qui s'est résolument prononcé en faveur de la solution politique. Khalifa Haftar nommé à la tête de l'armée libyenne Le général controversé Khalifa Haftar a été nommé à la tête de l'armée libyenne, a annoncé le président du Parlement reconnu par la communauté internationale, Aguila Salah Issa. Le général Haftar devrait prêter serment aujourd'hui devant les parlementaires. Mardi dernier, le Parlement avait décidé d'instaurer un poste de chef général de l'armée, créé sur-mesure pour le général Haftar, dont les forces combattent depuis plusieurs mois les groupes islamistes dans l'Est. Général à la retraite et personnalité controversée, M.Haftar avait lancé en mai 2014 une opération baptisée «Dignité contre les groupes armés islamistes qui contrôlent Benghazi», dans l'est du pays. Le général Haftar s'était autoproclamé chef de l'Armée nationale libyenne (ANL), une force paramilitaire formée notamment d'anciens officiers qui avaient fait défection de l'armée d'El Gueddafi, et d'autres brigades de l'Est libyen. Après la perte de la capitale, le Parlement issu des élections du 25 juin s'est installé à Tobrouk, une ville contrôlée par les forces de Haftar. En janvier, les députés avaient demandé à ce dernier, ainsi qu'à 129 autres officiers retraités de reprendre du service. L'»officialisation» du poste de Haftar comme chef de l'armée risque de compliquer davantage la tâche de l'ONU qui cherche à instaurer un dialogue dans le pays, dirigé par deux Parlements rivaux, l'un proche des miliciens de Fajr Libya, et l'autre reconnu par la communauté internationale. Le camp de Fajr Libya est en effet très hostile au général Haftar et exclut toute implication de cette personnalité controversée dans une future solution politique..