Les élus du peuple donnaient, hier, l'air de petits élèves qui retrouvent les bancs de l'école. Les parlementaires qui avaient pris congé de l'action législative, le mois de juillet dernier, pour une pause estivale, ont renoué, hier, à l'occasion de la reprise des travaux de l'APN avec leurs prérogatives d'élus du peuple. Hier, l'hémicycle Zighoud-Youcef ressemblait beaucoup plus à une école primaire où les élèves retrouvent les bancs de l'école, tant l'ambiance était aux retrouvailles. Entre embrassades, salutations de loin et prises de photos, les députés voulaient donner l'air d'une famille unie qui ne pense qu'au bien-être du citoyen. Mais à y voir de plus près, on déduit que cette ambiance, apparente, n'était que de façade. En effet, les trois groupes parlementaires composant l'Alliance présidentielle laissaient entrevoir que plusieurs dossiers les divisaient en dépit des sourires qui s'échangeaient de part et d'autre. A la réserve affichée par les députés pro-Benflis depuis la débâcle du 8 avril dernier, répondait une mine de conquérants des Rndistes. Tandis que les élus Hamas ont voulu donner l'air d'une formation unie derrière leurs ministres, à voir la façon dont Amar Ghoul, ministre des Travaux publics, a été entouré. Cette impression est, également, confortée par l'arrivée simultanée d'Ahmed Ouyahia, chef du gouvernement, Amar Saïdani, président de l'APN, et Abdelkader Bensalah, président du sénat. Une rentrée qui se voulait plus que significative et voulait dire que toute divergence au sein de l'Alliance ne serait que pure spéculation. Pourtant, l'attitude du président du MSP laissait croire qu'une brouille existe bel et bien au sein de l'Alliance présidentielle. Depuis la signature du traité de l'Alliance présidentielle, Bouguerra Soltani s'est toujours affiché aux côtés d'Ahmed Ouyahia, alors qu'hier, il a tenu à marquer ses distances en s'exposant seul aux flashes des photographes. C'est dans une telle ambiance électrique que le président de l'APN, M.Amar Saïdani, a brossé un tableau des plus réjouissants de la situation prévalant en Algérie au point où un député a eu cette remarque fort éloquente: «Oui tout va bien Madame la Marquise!». Dans son allocution d'ouverture des travaux de la session d'automne, le troisième homme de l'Etat a affirmé que l'Algérie se porte bien «sur les plans économique, politique et diplomatique». Dans son intervention, M.Saïdani a indiqué que «les indices économiques de l'Algérie ont accusé des niveaux positifs et stables sans précédent depuis près de deux décennies». Au plan politique, le président de l'APN a tenu à souligner que les institutions ont recouvré leurs «stabilité et autorité» tout en mettant en exergue la consécration du multipartisme dans l'activité politique. Revenant sur le dernier scrutin électoral, Amar Saïdani a souligné le caractère «démocratique et transparent» l'ayant caractérisé, enregistrant «un large soutien au président de la République et son programme». La réélection de Bouteflika a permis à l'Algérie «de retrouver sa place dans le concert des nations et les grands forums internationaux», a ajouté Amar Saïdani précisant qu'elle est désormais «consultée et écoutée par les grandes nations du monde». Sur le plan social et économique, le président de l'APN a évoqué le recul du chômage, depuis deux années, et la diminution du taux de mortalité, notamment la mortalité maternelle, en sus de l'amélioration du pouvoir d'achat des Algériens à la faveur, dira-t-il «de l'augmentation des salaires décidée par l'Etat». Des efforts que l'institution qu'il préside se doit d'accompagner à travers la législation. A ce sujet, il a estimé que la paix, la sécurité, la stabilité, le développement, la démocratie et l'Etat de droit sont les six axes principaux qui sous-tendent un «véritable plan d'action» devant garantir une adéquation avec le progrès et le développement. Dans ce contexte, M.Saïdani a rappelé les réformes entreprises dans différents secteurs, soulignant certains dossiers en cours d'application et d'autres en préparation devant être soumis à l'Assemblée. Cette dernière devra se pencher au cours de cette session sur 18 textes de lois qui ont trait, entre autres, à l'organisation des établissements pénitentiaires et la réinsertion sociale des détenus, la prévention et la répression de l'usage et du trafic des stupéfiants et psychotropes, à l'installation de fonctionnaires et le contrôle de l'emploi, à la prévention et la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme et enfin à l'ordonnance n° 76-106 relative à la loi sur les retraites militaires. Mais le dossier le plus attendu demeure l'adoption de la loi de finances 2005.