La fédération est l'instance qui a subi les plus vives critiques ces derniers jours. Rarement, événement sportif n'a été autant médiatisé chez nous que la débâcle dimanche soir, de l'équipe nationale de football contre son homologue gabonais. La presse écrite, notamment, dans son immense majorité, a ouvert sur ce résultat cauchemardesque, l'a décrit comme une «humiliation» pour le pays et en a appelé aux autorités politiques pour qu'elles assument leurs responsabilités face à ce qui est considéré comme un «désastre national». Evidemment, la FAF y a été incriminée comme elle le fut à chaque fois que notre équipe nationale de football est passée à côté de son sujet. La solution paraît simple : ceux qui sont en place ont échoué, il faut les renvoyer et en ramener d'autres. En 1996, le MJS nous avait même concocté un communiqué faisant état de mesures urgentes qui allaient être prises à l'encontre de la direction du football alors que le match de la honte (encore un autre) contre le Kenya n'était pas terminé. Sitôt le coup de sifflet final donné par l'arbitre, on avait distribué ledit communiqué, ce qui prouvait qu'il avait été rédigé bien avant. Et la suite avait été catastrophique pour la renommée de notre pays, de son football et de son sport, la FIFA refusant la décision du MJS de mettre fin à la mission du bureau fédéral de l'époque. On rappellera, pour ceux qui ont une certaine tendance à oublier, que l'instance internationale avait obligé le président de la FAF, qui venait d'être élu, de rendre le tablier au bout de deux mois de mandat. En 2001, suite à une défaite au score pléthorique (5-2) en Egypte, le MJS s'était, de nouveau, ingéré dans les affaires de la fédération mais d'une manière détournée, amenant certains membres du bureau fédéral à se révolter contre le président Omar Kezzal. On eut droit, alors, à une assemblée générale sur laquelle il y eut beaucoup de choses à dire au plan du respect des textes en vigueur, notamment les statuts de la FAF. Plus on fait de bruit, plus on a de chance de tromper son monde, le stratagème est connu. On soulignera que depuis 1989, année où eurent lieu les premières élections pluralistes de la FAF, à nos jours, à chaque fois que le football a subi des chocs, c'est toujours la fédération qui a été clouée au pilori. Jamais le MJS, alors qu'il a une responsabilité engagée dans la dérive du sport algérien d'une manière générale. C'est tout de même lui qui assure la répartition des fonds publics accordés au secteur, qui a une mission de contrôle, qui élabore la politique sportive et qui a entre les mains les organes de régulation. Le ministère ne doit pas être mis en retrait dans toute campagne visant à vilipender ceux qui ont en gestion le sport national. Aujourd'hui, on fait référence à une mise à l'écart de la direction de la FAF parce que l'équipe nationale a été humiliée face au Gabon. Il faut savoir que l'on ne peut plus toucher à la fédération comme cela se faisait précédemment. L'actuel bureau fédéral et son président ont été élus par une assemblée générale souveraine et il n'y a qu'elle qui soit habilitée à les juger. La FIFA a donné assez de preuves de sa puissance en ce domaine. Maintenant, si l'on veut voir son football se faire suspendre à l'échelle internationale et se mettre en retrait du sport universel, les «décideurs» savent ce qui leur reste à faire. Faire de la défaite face au Gabon, celle de Mohamed Raouraoua est un raccourci trop facile mais qui n'en comporte pas moins des effets dangereux. Omar Kezzal, avant lui, avait payé pour un échec face à l'Egypte alors que tout le monde savait que le mal de l'équipe nationale résidait dans le fait que les pouvoirs publics n'ont pas mis en place une politique sportive à même de suppléer la réforme sportive de 1977 dont les résultats positifs, sur le plan compétitif, étaient édifiants. Se focaliser sur le résultat du Gabon, c'est négliger, voire oublier, ce qui a été fait sur le plan structurel ces dernières années. Celui qui peut dire qu'il n'y a pas eu de changements au niveau de la FAF depuis que Raouraoua est venu, doit être animé d'un sérieux complexe de revanche de bas étage. La FAF dispose maintenant de statuts conformes aux textes de la FIFA et ceux de la CAF, les règlements généraux du football sont en en phase permanente de modification en fonction de l'expérience du terrain jusqu'à obtention de la mouture la plus adaptée à la réalité de ce même terrain, la fédération est dotée de directions permanentes comme cela se fait partout dans le monde, les compétitions sont gérées par les différentes ligues et ne font plus partie du vocabulaire de la fédération qui perdait un temps fou dans des histoires de «championnites», enfin l'arbitrage est dirigé par une DTNA qui tente, tant bien que mal, de sortir de l'ornière une corporation qui ne cesse d'être mise à mal. S'il y a une erreur dont il faille incriminer la FAF c'est d'avoir trop songé à l'équipe nationale alors qu'il aurait fallu axer sa politique sur la DTN, seule organisme capable de relancer le football. Mais Raouraoua nous dira à ce sujet: «mon voeu est de doter le football d'un DTN. Je suis au regret de vous dire que jusqu'à présent, je n'ai pas trouvé une personne capable de me définir le rôle d'un DTN». Le président de la FAF parle aussi de refondation c'est à dire un terme qui date depuis que Aziz Derouaz occupait le poste de ministre de la Jeunesse et des Sports. Il en avait été écarté parce qu'il dérangeait ou plutôt parce qu'il allait toucher aux intérêts de certains clubs. C'est justement le mur devant lequel va se trouver le président de la FAF car il y a des clubs, puissamment épaulés, qui ne veulent pas que l'on touche à l'ordre établi. Et ces clubs se complaisent dans cette situation hybride où ils ne sont ni amateurs, ni professionnels. Du reste, aucun d'eux n'est structuré de manière convenable. D'autre part, sur le plan, financier, il n'est pas sûr que la FAF ait bénéficié des retombées des deux conseils interministériels qui ont été consacrés au football. Exiger le départ de Raouraoua ne risque pas d'apporter de grosses solutions à notre football. Le pousser à partir c'est ramener la discipline à des mois en arrière d'autant que l'on sait que le mal est ailleurs que dans la fédération même si l'on sait que le président gagnerait à changer un bureau fédéral dont plusieurs membres ne sont là que pour faire vitrine et sont traînés comme des boulets. Il y a certainement mieux à faire que de s'attaquer à une structure élue et ce n'est pas le résultat d'une équipe nationale, aussi catastrophique soit-elle, qui nous fera croire le contraire.