L'exonération des taxes a conduit les éditeurs à réduire les prix des ouvrages de 20 à 50%. Le «qui dit mieux?» fait rage entre les grandes maisons de l'édition nationale. Lazhari Labter, directeur d'Anep Editions, se frotte les mains. L'heure a, solennellement, sonné pour que chacune des entreprises présentes depuis l'ouverture, jeudi, du Salon international du livre d'Alger, étale sa grande artillerie. La filiale de la maison-mère Anep, que gère cet intellectuel et ancien journaliste, n'a, à vrai dire, ni lésiné sur les moyens ni manqué d'imagination pour tenter de vendre le maximum d'ouvrages qu'elle a la charge d'éditer. Car ici, la «bataille» entre les principaux concurrents se joue sur la corde raide, tant les stratégies de marketing mises en pratique par les uns et les autres restent à cet effet, déterminantes. Encouragés notamment par l'exonération des taxes, décidée par le comité d'organisation pendant toute la durée du Salon sur les livres importés, chacun des opérateurs s'évertue, en fonction de ses moyens, à mettre en oeuvre une politique tarifaire qui tient aussi compte du pouvoir d'achat des bourses modestes qui forment, si l'on peut dire, la grande majorité des clients. 40%, qui dit mieux? De là, les responsables de l'entreprise publique ont décidé, de leur côté, de baisser les prix sur la totalité des titres proposés à une moyenne de 40% dès le premier jour. Et de remettre une couche: «Je vais aller plus loin en baissant les prix de 50 à 60%», prévoit M.Labter, aux yeux de qui, l'important, en dépit des susceptibilités financières qui hantent chaque éditeur, est de vendre le produit et non de le garder en stock. Une baisse donc, que notre interlocuteur qualifie d'importante et à la suite de laquelle se mesureront les ventes de chaque société. Au cours de ce neuvième Salon, les responsables des éditions Anep, soucieux sans doute de préserver leur leadership national mais aussi de garder intacte la place de choix sur les marchés des pays arabes, ont mis sur les étals de nombreux ouvrages récemment parus dont Les hommes de l'ombre de Mohamed Lemkaoui, pressenti best-seller de l'année. D'autant plus croustillants les détails sur la constitution humaine et organique de la première structure des services secrets algériens, échafaudée d'une main de maître par le défunt colonel Abdelhafid Boussouf, qui y sont savamment relatés. L'autre surprise est la traduction en langue arabe de l'ensemble de l'oeuvre de Frantz Fanon. Les Damnés de la terre, version arabophone, figure déjà sur les étals. Etant éditeur généraliste, Anep Editions a mis aussi au rayon des nouveautés d'autres livres qui interviennent dans divers domaines, littérature, histoire, patrimoine, économie, collection enfants, bandes dessinées... Les bons prix font les bons amis Fidèle à sa tradition, Marsa, l'une, si ce n'est au fait la seule maison d'édition qui a investi autant de moyens pour la promotion de la littérature algérienne, classique ou actuelle, tend, elle aussi, à s'aligner sur la baisse des prix qu'ont décidée d'appliquer tous les exposants. Mme Beldjoudi Naïma, responsable du stand, accrédite cette tendance sans laquelle, «il serait difficile de parier sur un avantage commercial». Du coup, une réduction tarifaire allant de 20 à 50% a été aussitôt appliquée, bien que l'appréciation varie d'un titre à un autre. «Une aubaine pour les amateurs de littérature» commente notre interlocutrice, qui se dit ce faisant, rassurée quant à l'augmentation des ventes de Marsa. Pour aborder avec succès cette manifestation, un point d'orgue à ses nouveautés: le tout dernier roman de Nadjia Abeer, l'Albatros. Mais l'ouvrage sur lequel focalisent toutes les attentes commerciales est, de toute vraisemblance, Démocratie à l'algérienne d'Aïssa Khelladi, propriétaire de l'entreprise. Une séance vente-dédicace avec l'auteur est prévue ce jeudi, à la veille de la clôture officielle du Salon. Ainsi, au-delà des politiques tarifaires mises en oeuvre au cours de cet événement, par les éditeurs les plus actifs sur le marché national, c'est le simple citoyen, le client roi, qui en sort gagnant. Une petite visite à travers les différents stands des exposants confirme une satisfaction quasi unanime. Si les organisateurs du Salon ont le mérite d'exempter les éditeurs des taxes, ces derniers ont, eux aussi, brillé par leur souci de permettre, particulièrement à ce Salon, aux amateurs de lecture d'acquérir de plus en plus de livres et autres ouvrages. Pourvu que ça dure.