Un nouveau paradoxe algérien: le neuf «booste»... l'occasion! Le marché de l'automobile d'occasion est donc en train de flamber au même rythme que celui du neuf avec des augmentations de près de 30% en quelques semaines. Le Salon de l' automobile d'Alger a fermé ses portes depuis une semaine, mais le plus grand bénéficiaire de cet événement n'est paradoxalement pas le marché du neuf mais...celui de l'occasion. Ce dernier a connu un second souffle, lui qui est en léthargie depuis quelques mois. En effet, malgré les belles remises concédées par les différents concessionnaires lors de cette foire de l'automobile, elles étaient loin des espérances des citoyens. «Il y a des remises qui vont de 50.000 à 500.000 dinars, même sur les véhicules de moyenne catégorie, mais cela reste trop cher pour moi», nous a confié Mourad, un jeune employé d'une banque privée qui espérait trouver la voiture de ses rêves pendant ce salon. Mais il semblerait que les prix affichés l'aient glacé! Il n'est pas le seul a avoir été refroidi par le prix des voitures neuves. «J'avais quelques économies de côté que je cache depuis quelques mois dans l'espoir de trouver de bonnes affaires durant le Salon de l'automobile mais ce n'est malheureusement pas le cas», regrette de son côté Nabila, professeur du secondaire. Cette flambée des prix constatée lors du Salon de l'automobile n'est que la suite logique de la flambée des prix qu'a connue le secteur automobile depuis l'entame de l'année, à cause de l'augmentation des cours du dollar sur les marchés internationaux et la baisse en parallèle du dinar. Il y a donc eu une grosse augmentation qui a atteint la moyenne des 30%. Les voitures coûtent plus cher aux concessionnaires et c'est les consommateurs qui payent la facture plus salée. Au vu du coup d'arrêt qu'a provoqué cette augmentation sur les ventes, les concessionnaires ont fait un effort sur les prix lors du dernier salon avec des méga- réductions, mais insuffisantes pour les consommateurs. «C'est les prix d'avant l'augmentation. Je suis déçu», constate dépité Farouk, un père de famille, fonctionnaire de son état. Alors, Farouk, Mourad, Nabila et les autres dans le même cas, ont décidé de se retourner vers le marché de l'occasion. «C'est le seul choix qui nous reste», assurent-ils mais c'était sans compter sur les «charognard» du marché de l'occasion qui ont de suite profité de l'occasion pour eux aussi d'aligner leurs prix sur ceux du neuf. Le marché de l'occasion est donc en train de flamber. Certaines marques dont les prix ont stagné pendant longtemps ont vu leur valeur monter de 30%. A l'exception des véhicules chinois et indiens, les autres marques (françaises, allemandes, italiennes ou américaines), commencent à se vendre cher. Les «traders» de Tidjelabine Un petit tour sur le site de vente Internet Ouedkniss.com et on peut facilement constater que les prix de l'occasion ont repris du poil de la bête à l'occasion du Salon de l'automobile. On donne l'exemple d'une Seat Ibiza de 2013 1.4 essence, 60.000 km au compteur qui était affichée au prix de 115 millions de centimes avant la foire. Elle est en vente depuis la foire à 125 millions de centimes négociables. Les nouvelles qui viennent du front...du marché de l'automobile d'occasion de Tidjelabine (Boumerdès) ne sont guère bonnes. Le marché de l'occasion est relancé et l'augmentation des prix est confirmée. Les revendeurs de voitures d'occasions bombent de nouveau le torse et dictent ainsi leur loi. Les prix jouent au «yo-yo» comme ils le décident, et non selon les lois du marché et la qualité de la voiture proposée. Les prix se rapprochent même dangereusement de ceux du neuf. Des Polo Volkswagen de 2013 et 2014, avec plusieurs milliers de kilomètres au compteur dépassent les 150 millions de centimes, de même pour les autres voitures populaires que sont la Renault Clio, la Skoda Fabia, la Peugeot 208...Et cette bulle spéculative ne risque pas d'exploser! Vu qu'on annonce déjà une nouvelle augmentation des prix des voitures neuves et par conséquent celles d'occasion, à cause du nouveau cahier des charges instauré par le gouvernement qui exige qu'un nombre important d'équipements de sécurité soit disponible en série à l'instar du double airbag, l'ABS, l'ESP...On parle déjà de 100.000 à 150.00 dinars de plus. «Certains attendent donc ces augmentations, mais surtout que prennent fin les promotions spéciales «Foire l'automobile» qu'ont prolongée la majorité des concessionnaires pour sortir les véhicules d'occasion dont ils disposent et les vendre au prix fort!», admet un jeune «spécialisé» dans la vente de voitures d'occasion. Néanmoins, ce ne sont pas les seuls à utiliser cette «méthode». Les «revendeurs» de véhicules neufs sur les trottoirs, un métier qui est apparu en Algérie les années précédentes pendant les beaux jours de l'automobile en Algérie et qui avait disparu avec la crise, est de retour. Et même en force. Ces vendeurs d'un nouveau genre ont écumé la foire à la recherche de bonnes affaires. Le retour en force des revendeurs de trottoir D'ailleurs, ils ont profité des «ristournes» des concessionnaires pour en faire acte! «Beaucoup de ces revendeurs sont venus chez nous pour acheter des voitures par dizaines», indique la jeune Lina, chargée commerciale dans le stand d'une marque très populaire. «Mais on a reçu des instructions. Il est interdit de leur vendre plusieurs voitures», témoigne-t-elle en avouant toutefois qu'elle faisait quelques concessions en leur vendant jusqu'à quatre voitures. «Mais sûrement pas dix», réplique-t-elle. Ce que confirme, Khiro, un de ces vendeurs. «Ya kho, habite nachri aâchra mahabouche. (Mon frère j'ai voulu acheter 10 voitures mais ils n'ont pas voulu me les vendre», certifie ce jeune vêtu d'une casquette, de baskets et d'un survêtement Lacoste à la couleur douteuse et qui avait à la main un panier de provisions. «Hada rasse mali ou el fayda (C'est tout mon capital ici). C'est l'argent liquide avec lequel je vais payer mes voitures», poursuit-il tout sourire n'ayant absolument pas l'air d'être affecté du fait de ne pas pouvoir acheter ses 10 voitures. Et pour cause, lui et ses collègues revendeurs ont trouvé une solution, un système D, pour arriver à atteindre leur but. «On ramène nos amis proches, on achète ces voitures à leurs noms. Et lors de la revente, on leur donne une petite commission pour service rendu», explique-t-il clairement et simplement avant de faire savoir que ces voitures seront gardées bien au chaud jusqu'à ce que les promotions disparaissent des concessions. Voilà donc un petit tour d'horizon sur l'anarchie qui règne dans le marché de l'occasion, qui faut-il le rappeler, est trois fois plus important que celui du neuf, avec des «charognards» qui font la loi et des prix qui retrouvent des ailes. Un nouveau paradoxe algérien: le neuf «booste»... l'occasion!