Une pareille sortie a eu l'effet d'une douche froide pour le Royaume marocain que plus personne ne soutient. Alvaro de Soto, envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU M.Kofi Annan au Sahara Occidental, a affirmé, ce mardi à Alger, qu'il était mandaté pour trouver une solution «reposant sur le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui». La déclaration, qui ne prête guère à équivoque, a été faite à l'issue de l'audience qu'a accordée à ce responsable onusien notre chef de la diplomatie, Abdelaziz Belkhadem. M.Belkhadem a, de son côté, réitéré les positions de principe de notre pays en déclarant avoir expliqué à M.De Soto que «l'Algérie n'est ni le tuteur ni le porte-parole des Sahraouis, ajoutant que les parties en conflit sont le Front Polisario et le royaume du Maroc et qu'il y a un plan de règlement et un plan de paix élaborés par M.(James) Baker». Là encore, il est difficile d'être plus explicite, et plus proche du droit et des résolutions internationales. C'est partant de ce postulat de base que le chef de la diplomatie algérienne a souligné avoir dit à M.De Soto que «l'Algérie s'en tenait au plan de règlement, à la légalité internationale et à l'accord de paix qui a été adopté par les Nations unies» rappelant et précisant que l'Algérie «reste disponible pour aider à mettre en oeuvre le plan de paix des Nations unies». De son côté, l'ambassadeur sahraoui à Alger a animé hier une conférence de presse dans laquelle il a réitéré les positions de principe de son pays, tout en mettant en exergue les exactions commises par les forces de l'occupation. Les conférenciers ont fait état de la répression qui s'abat depuis le 6 septembre dernier sur les populations sahraouies dans les villes de S'mara, Tantan et Aser, et ont fait part de quelques données chiffrées sur la grave situation qui continue de prévaloir dans les territoires sahraouis occupés. Ainsi, depuis l'invasion marocaine au Sahara-Occidental, le 31 octobre 1975, plus de 3500 personnes sont portées disparues, parmi elles 526 civils et 150 combattants, dont le sort est toujours inconnu. A nos jours, souligne l'ambassadeur sahraoui, plus de 500 Sahraouis sont toujours portés disparus. Pis, les autorités marocaines continuent à nier leur existence. La pratique des disparitions forcées est devenue systématique, au point que les autorités marocaines ne reconnaissent même pas ces disparitions. Les déportations en territoire marocain touchent 15.000 personnes, alors que plus de 200.000 personnes se sont exilées dans les pays voisins, dont plus de 160.000 réfugiés en Algérie, 30.000 en Mauritanie et environ 10.000 en Europe (principalement en Espagne et en France). Des chiffres qui interpellent aussi bien les organisations de défense des droits de l'homme que les Nations unies. Les détentions arbitraires, indiquent les conférenciers, ne sont pas en reste des agissements des autorités marocaines. En effet, «en sus de la pratique systématique de la torture, dont sont victimes 20.000 personnes, il est fait état de 15.000 Sahraouis victimes de détention arbitraire, 250 autres de jugements iniques par les tribunaux militaires et civils marocains et plus de 115 personnes assassinées». Enfin, pour ce qui est du volet politique du dossier du Sahara-Occidental, les conférenciers estiment que tout règlement de la question sahraouie doit se faire dans le cadre de la légalité internationale, notamment les résolutions 1495 et 1541, consacrant le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination.