Ce parti n'écarte pas le recours à la rue pour obliger le gouvernement à faire marche arrière. Rien ne semble arrêter les islamistes dans leur tentative de faire barrage à l'avant-projet de loi modifiant et complétant la loi n 84-11 du 9 juin 1984 portant code de la famille. Jugée anticonstitutionnelle, et contradictoire aux lois de la République et aux préceptes de l'Islam, les amendements en question estime El Islah «constituent un danger réel pour la famille algérienne». Une position réaffirmée jeudi par le leader du mouvement M.Abdallah Djaballah, lequel a présidé une réunion avec ses députés. Organisée à la veille de l'ouverture de la session d'automne du parlement, la rencontre en question, estime Lakhdar Benkhelaf vice-président de l'APN, a permis «d'étudier les failles existant au niveau du nouveau texte». Elle avait aussi pour objectif de «dresser une stratégie pour contrecarrer cette loi». Le MRN qui a entamé une vaste «campagne de sensibilisation» à l'adresse de la société civile, n'a nullement l'intention de reculer. «Nous allons essayer de bloquer le texte soit au conseil des ministres sinon à l'APN». Pour la première thèse la mission d'El Islah semble impossible, sachant que cette formation ne siège pas au gouvernement. Très difficile aussi de compter sur les deux ministres du MSP qui font partie du staff d'Ouyahia, et ce, en dépit du ton tranchant de Bouguerra Soltani qui a dénoncé certains amendements. El Islah semble bien comprendre cette situation. A ce sujet Lakhdar Benkhellaf n'a pas caché l'existence de contacts avec des partis politiques. Ce parti n'échappe pas à la règle qui régit la scène politique. La fin justifie les moyens et toutes les alliances sont bonnes dans de pareilles situations pourvu qu'elles débouchent sur des résultats satisfaisants; même si pour certaines elles regroupent des partis diamétralement opposés. Plus explicite notre interlocuteur ne cache pas son intention «de jouer la carte du FLN». Parti majoritaire, déchiré par les luttes de tous les instants que se livrent ses militants, le Front de libération nationale constitue pour El Islah l'ultime chance pour «freiner ce projet de société qui vise l'Islam». «Il ne faut pas perdre à l'esprit que les députés du FLN ne portent pas tous le même avis sur ses amendements». A ce stade, la mission d'El Islah prend une autre tournure. «Nous avons toutes les raisons de croire en nos chances de convaincre nos partenaires à l'APN». Ce parti a déjà gagné des paris, en imposant deux lois très controversées, celle relative à l'interdiction des boissons alcoolisées et la loi électorale qui a obligé les corps constitués de voter en dehors des casernes. La crise qui s'éternise au FLN semble bien profiter à Djaballah qui n'hésite pas à recourir à l'aile proche de Benflis chaque fois que le besoin se fait ressentir. Quelle sera la réaction des députés FLN? Par ailleurs le parti de Djaballah ne se fait pas d'illusions sur le MSP. «A l'APN les voix se vendent et s'achètent». Ce qui l'amène à se méfier des positions actuelles exprimées par les militants de ce parti. Des doutes renforcés par l'expérience des dernières sénatoriales. Parallèlement à ces contacts, El Islah a tracé durant la réunion de jeudi un riche programme dans le cadre de sa campagne de mobilisation. Un séminaire parlementaire sera organisé aujourd'hui à l'APN où sont invitées des personnalités politiques et d'autres de la société civile. Lundi, Djaballah sera à Boumerdès pour étayer ses arguments avant d'organiser jeudi un meeting dans la capitale. «Nous allons utiliser tous les moyens pacifiques dans cette campagne». Lakhdar Benkhellaf n'écarte pas le recours à la rue pour obliger le gouvernement à faire marche arrière. Des rassemblements sont même programmés. Bref le parti est plus déterminé que jamais à dire non à ces amendements. Par ailleurs notre interlocuteur insiste sur un point: «El Islah n'est pas contre l'amendement de la loi qui régit la famille depuis 1984 mais ce qu'a fait la commission parallèle est scandaleux.» Enfin le parti stigmatise le silence complice de la première instance religieuse de l'Algérie qui est le ministère des Affaires religieuses.