En adoptant la démarche, cette institution innove et impose son indépendance. La mise en route de ce système informatique révolutionnaire ne manquera pas de créer le malaise au sein de la nébuleuse des fraudeurs et autres mafias des containers, l'opérateur économique étant assuré d'une opérationnalité informatique permanente. Ce réseau consiste en la mise en place de deux systèmes de gestion de risques et de fourchettes de valeurs. Son installation pour la première fois en Algérie, a fait l'événement, hier, au Cnis (centre national de l'informatique et des statistiques) dépendant des douanes algériennes où le directeur général des douanes algériennes, monsieur Sid Ali Lebib assisté des experts et techniciens de la douane a procédé à son lancement officiel et en temps réel. La généralisation de ce procédé est en cours et prend comme échantillon le port d'Alger, où transite quelque 70% du commerce extérieur. Ce réseau privé des douanes sera dix fois plus rapide, contrairement à celui, de faible débit, monopolisé et offert par les pouvoirs publics nationaux et dont la lenteur à ce jour empêche l'avènement de la carte de crédit et autre monnaie électronique. Désormais le nouveau modem mis à la disposition des douanes, sur simple appel d'un numéro groupé, permettra l'accès à l'information économique aussi bien lorsqu'il s'agira d'atteindre les fournisseurs ou au contraire lorsque les opérateurs économiques la demanderont. Ce système est qualifié de saut qualitatif d'autant qu'il permettra de désengorger le port de la capitale, qui accueille près de 125.000 containers/ an pour atteindre les 800.000 containers à l'horizon 2010. Par ailleurs est escompté de ce levier technologique un meilleur flux des marchandises et une impartialité totale dans le contrôle. Ce système de gestion informatisé des risques induit trois circuits dénommés: circuit vert ou circuit ouvrant droit à l'enlèvement immédiat des marchandises, le circuit orange, permettant l'enlèvement des marchandises après contrôle des seules formalités administratives spéciales et au paiement ou cautionnement des droits et taxes douanières. Et enfin le circuit rouge soumettant l'enlèvement des marchandises à la visite partielle ou intégrale des marchandises et au paiement ou cautionnement des droits et taxes dus. A son lancement, hier, la quasi-totalité du circuit était au rouge. «C'est normal dans un premier temps que les indicateurs soient au rouge» a -t-on estimé. «Au début nous sommes tenus d'aller doucement, c'est-à-dire démarrer autour de 25% de vert pour atteindre les 50 % de vert à l'horizon 2005, conformément aux injonctions de l'OMC auxquelles répond un tel dispositif» a tenu à préciser le directeur général des douanes algérienne, Sid Ali Lebib. Celui-ci a ajouté que l'idéal serait d'arriver à 95% de vert au contrôle. Sachant qu'aux USA seuls 5% de la marchandise passent à la vérification. Selon le patron de la douane une telle mesure ne peut qu'encourager les investisseurs étranger à affluer vers notre pays. Il a, entre autres, renchéri que les douanes algériennes sont plus que jamais au diapason de l'OMC. Pour peu qu'elles soient dotées d'autres moyens de traque de la fraude aux frontières notamment au profit des services aériens et maritimes. Si le port d'Alger est le premier site à profiter d'un tel système, il n'en demeure pas moins que d'ici le quinze octobre prochain le même système sera généralisé à l'ensemble du réseau douanier. Il est utile de noter qu'une telle mécanique ne pourra qu'enlever un peu du pouvoir discrétionnaire du classique douanier pour voir émerger de nouvelles fonctions au sein de la douane telle celle d'officier de douane judiciaire auquel incombera le rôle d'enquêteur. Comme il est attendu un amoindrissement de la mainmise de l'administration sur le contrôle pour voir passer une telle prérogative aux experts. En quelque sorte c'est là un sérieux coup porté aux «administrateurs véreux» par cette technologie made in Algérie, puisque le modèle informatique introduit est entièrement construit par les équipes des douanes et de recherche algériens. Car dorénavant traçabilité et lisibilité des transactions commerciales ne pourront qu'avoir la clarté de l'eau de roche.