Dilution. 19 morts au Cameroun après une attaque de Boko Haram. 33 morts dans un attentat de Daesh à Jalalabad (Afghanistan). Des combats à Tripoli (Libye) ont fait 21 morts. Ces événements ont eu lieu vendredi dernier pour les uns et le lendemain pour d'autres. Dans la même journée de samedi dernier, il y a eu 11 morts et 20 blessés en Algérie «revendiqués» par... la route. Chaque jour, la Protection civile, la Gendarmerie nationale ou la Sûreté nationale publie des communiqués les uns aussi tragiques que les autres sur le taux de mortalité sur nos routes. Par dizaines, des Algériens perdent la vie ou sont blessés quotidiennement dans des accidents de la route. Parmi les blessés, beaucoup resteront handicapés à vie. Si nous avons fait le parallèle avec les victimes au Cameroun, en Afghanistan et en Libye, c'est pour souligner le retentissement mondial des morts causées par le terrorisme face à l'indifférence pour ceux et celles qui laissent leur vie sur la route. Autre comparaison macabre. Chaque année, nos routes tuent deux fois plus que ne l'a fait le séisme de Boumerdès. Jugez-en: le 21 mai 2003, le tremblement de terre a causé la mort à 2300 Algériens et blessé 12.000 autres. En 2014, la route a tué plus de 4000 Algériens et blessé plus de 44.000 autres. Depuis des années, ces chiffres varient très peu malheureusement. En d'autres termes, chaque année nous avons l'équivalent en victimes sur la route de deux séismes de fortes intensités. Pour une population estimée au double de la nôtre, la France a enregistré moins de 4000 morts sur les routes en 2014, avec comme principale cause l'alcoolémie que nous n'avons plus. Des questions s'imposent. Avons-nous exploré toutes les pistes pour tenter d'enrayer l'hécatombe? Toutes les statistiques classent «l'élément humain» comme principale cause de nos accidents. Cela veut dire quoi en excluant l'alcool? Il ne peut rester que la contrefaçon des pièces détachées, voire même des voitures non conformes aux normes, la drogue et les inaptitudes mentales. Le nouveau cahier des charges auquel devront se soumettre les concessionnaires et notamment l'obligation qui leur est faite de s'approvisionner directement chez le constructeur sera un véritable test dès la première année de son application. Les saisies de drogues ont été phénoménales ces dernières années dans notre pays. Mais combien de quantités ont échappé aux saisies? Les campagnes contre la toxicomanie prouvent que le phénomène est loin d'être mineur. Alors que l'alcoolémie au volant a été enrayée par les prélèvements systématiques au moindre doute (par l'odeur ou le comportement), en est-il de même pour la drogue au volant? Il y a de quoi en douter, sachant que l'odeur n'est pas là pour faciliter le travail de nos «anges gardiens». Pourtant, il existe des moyens de détection rapide des consommateurs de drogue à l'identique de l'alcootest. S'agissant de l'aptitude mentale à conduire, pourquoi devrait-on exclure l'exigence d'un certificat médical de psychiatrie ou de psychologie clinique dans le dossier du permis de conduire. Sans pousser jusqu'à la folie ou autre forme de démence, l'évaluation du degré de conscience et du sens de responsabilité du conducteur font partie d'un tel diagnostic. L'autre question est celle de savoir pourquoi il n'est jamais fait état d'interdiction de conduire à vie pour tout auteur d'accident mortel. Il est vrai que sans un fichier national du permis de conduire (qui est en cours) et sans une interconnexion avec cet autre fichier à concevoir qui est celui des accidents de la route, des récidivistes pourront continuer à sévir. Ceci dit et comme chaque jour, le communiqué publié hier, par les pompiers, n'a ému personne. 11 morts et 20 blessés en une seule journée sur nos routes, que faut-il de plus? Au fait qui est responsable de la prévention routière?