Le principal parti prokurde de Turquie a promis hier d'abolir la «peur» dans le pays et de devenir le «cauchemar du sultan», le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, à l'occasion des élections législatives du 7 juin. «Ce manifeste sera le cauchemar du sultan, mais représente aussi l'espoir et les convictions de tous les peuples de Turquie», a déclaré Figen Yüksekdag, la coprésidente du Parti démocratique du peuple (HDP), en dévoilant à Istanbul le programme de sa formation pour le prochain scrutin. Le HDP est crédité, selon les dernières enquêtes d'opinion, de 8 à 11% des intentions de vote. S'il franchit la barre de 10% des voix au plan national, requise pour être représenté sur les bancs du Parlement, il devrait largement perturber les ambitions du Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir depuis 2002. L'AKP s'est fixé pour objectif ambitieux de rafler les deux tiers des sièges (367 sur 550) afin de pouvoir modifier la Constitution dans le sens souhaité par son ancien chef, M.Erdogan. L'homme fort du pays, accusé par ses adversaires de dérive autoritaire et islamiste, souhaite renforcer ses pouvoirs, pour l'heure protocolaires, de chef de l'Etat. Des sondages récents suggèrent que l'AKP pourrait perdre sa majorité absolue le 7 juin. «Nous ne pouvons bâtir une toute nouvelle Turquie que par le biais d'une transformation radicale», a pour sa part souligné l'autre coprésident du HDP, Selahattin Demirtas, qui a promis de faire disparaître «la peur» imposée selon lui par le régime de M.Erdogan. «Dans notre Constitution, il n'y aura pas de régime présidentiel», a assuré Mme Yüksekdag. Le programme du HDP prévoit une large décentralisation du système politique turc et une large autonomie pour le sud-est du pays majoritairement peuplé de Kurdes. Résolument orienté à gauche, il promet également de lutter pour les droits des femmes, des jeunes et des homosexuels, ainsi que d'abolir les cours de religion obligatoires à l'école et de reconnaître l'objection de conscience. Dans le passé, les candidats kurdes se présentaient sur des listes indépendantes afin de ne pas être soumis au seuil de 10% requis pour entrer au Parlement. Le HDP a décidé de se présenter à ce scrutin sous sa propre bannière. La communauté kurde constitue 15 à 20% de la population turque (76 millions).