Le monde du travail était hier en ébullition à Béjaïa. Pas moins de deux actions de protestation ont été enregistrées dans le secteur de l'administration publique et une unité de production industrielle. Une colère qui trouve sa raison d'être dans les nombreuses insuffisances que ces travailleurs frondeurs n'ont pas cessé de soulever depuis des années sans pour autant qu'elles aient trouvé de solutions. Un paradoxe qui met en colère. Laquelle colère s'est traduite hier par un imposante rassemblement des travailleurs de ce secteur de l'administration, qui ont déserté leurs postes de travail déjà paralysés depuis avant-hier par un mouvement de grève initié par la coordination de wilaya du Syndicat national autonome des personnels des administrations publiques (Snapap) pour protester au chef-lieu de la wilaya. Venus pratiquement de toutes les communes de la wilaya, des daïras, des résidences universitaires et d'autres secteurs administratifs, des milliers de travailleurs de l'administration publique ont battu le pavé, qui sépare la Maison de la culture du chef-lieu de la wilaya dans une imposante marche de protestation, qui n'a de valeur que d'illustrer leur détermination à faire aboutir leurs revendications. Tout au long de la manifestation, les travailleurs frondeurs ont dénoncé les promesses non tenues des pouvoirs publics. Les travailleurs frondeurs ont exigé «un décret d'application de l'abrogation de l'article 87-bis et non sa redéfinition, la révision du Statut particulier, un salaire digne, la révision du régime indemnitaire, la révision du Statut général de la Fonction publique, un poste de travail décent pour les travailleurs contractuels et ceux du pré-emploi, la réintégration des syndicalistes et des travailleurs suspendus pour leurs activités syndicales, le respect des libertés syndicales». Pendant ce temps, l'unité d'Alcovel d'Akbou (Algérienne des cotonnades et velours) est restée paralysée pour la deuxième journée consécutive par une grève, qui trouve sa raison d'être dans le non-paiement des salaires. Les travailleurs sont en colère. Ils en veulent énormément à leur tutelle. Deux jours durant, ils ont observé une grève, qui risque de se prolonger dans le temps. Hier encore, ils ont fermé le portail de leur unité. Lors de la prise de parole au rassemblement de protestation, les protestataires ont réitéré l'exigence du versement du salaire du mois d'avril et la deuxième moitié du salaire du mois de février dernier. Le directeur de l'Industrie et des Mines, qui s'est déplacé sur les lieux au premier jour de la grève n'a pas réussi à désamorcer la crise, lors de la réunion tenue conjointement avec les travailleurs et le directeur de l'unité. Une crise qui prend ses racines dans le blocage des comptes bancaires de l'entreprise depuis 2013 par les contributions et la Cnas pour non-payement des créances estimées à 43 milliards de centimes.