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Pour un bout de tissu
Publié dans L'Expression le 12 - 05 - 2015

Ailleurs, on trouve que leurs jupes sont trop longues. A Alger, on trouve qu'elles sont trop courtes. Comment doivent-elles s'habiller donc? Dites-le leur, qu'elles le sachent une fois pour toutes.
Une fille a été empêchée par un agent de sécurité d'entrer à la faculté de droit Saïd-Hamdine pour y passer le Capa. Motif: elle portait une jupe top courte. Interrogé, le recteur de l'université d'Alger n'a pas jugé utile d'ouvrir une enquête et il a ajouté: «La fille portait une minijupe qui était au-dessus des genoux, et non une robe. C'est ce que m'ont affirmé des étudiantes qui étaient sur place» avant de conclure: «Il faut comprendre que la faculté est un lieu de culture.» A elle seule, cette histoire résume la dégradation de tout ce qui nous entoure. Elle renferme toutes les causes de notre descente aux enfers.
D'abord, il y a un agent de sécurité qui passe délibérément de la question sécuritaire à la question morale, sans que cela ne gêne nullement le recteur. L'agent, qui a jugé que la jupe était trop courte, a décidé de punir la fille. De deux choses l'une: soit il l'a jugée trop courte par rapport à son goût et à ses propres standards, soit c'est un agent qui se promène toujours avec, en main, les dimensions des jupes autorisées et après comparaison, il aurait pris sa décision. Et comme, jusqu'à preuve du contraire, on n'a pas de dimensions admises des jupes tolérées, il reste que le monsieur s'en est remis à sa propre perception du monde.
Mais au lieu de s'en remettre à ses responsables, car empêcher une candidate de passer un examen n'est pas du ressort d'un agent de sécurité, l'agent s'est permis de prendre la décision. Depuis quand est-ce qu'un agent de sécurité prend une décision dans une telle situation?
Il n'appartient pas à un agent de sécurité de décider dans ce genre de choses où l'enjeu le dépasse car il s'agit, mine de rien, de l'avenir d'une citoyenne! Et si, par hasard, dans la description de son poste, il y a une telle prérogative, c'est que la description du poste elle-même aurait été sans doute faite par un imbécile. Aussi, lorsque le recteur affirme que l'agent de sécurité n'a pas commis d'erreur, il se trompe lourdement.
Par ailleurs, en n'ouvrant pas d'enquête, le recteur a choisi de prendre le parti de son agent de sécurité. Or, depuis quand est-ce qu'il appartient aux recteurs d'universités de dire ce qui est juste ou ce qui est faux dans le comportement des êtres humains? Qui a mis entre les mains de ce recteur la destinée d'une Algérienne pour qu'il prenne, lui aussi, la décision de faire ce que bon lui semble. Est-ce ainsi qu'il est censé préserver le droit de tout citoyen qui se présente à son établissement? Cela nous conduirait à poser d'autres questions plus importantes encore parce que piétiner ainsi le droit de cette fille laisse croire qu'il s'agit d'un comportement répétitif auquel, lorsqu'on y a pris goût une fois, on y revient toujours! Autrement dit, celui qui piétine une fois, piétinera toujours. En refusant d'ouvrir une enquête, le recteur a commis une faute professionnelle et ce n'est pas en s'appuyant, selon ses propres dires, sur ce que lui ont «affirmé des étudiantes qui étaient sur place» qui rend son comportement plus excusable.
Ensuite, et pour pousser plus loin son mépris, le recteur fait suivre à la fille, à travers les médias, et dans un style qui sonne comme une punition, qu' «il faut comprendre que la faculté est un lieu de culture».
Comme si, en arrivant avec une minijupe, cette pauvre fille n'était pas admissible à cause de ce bout de tissu qui lui manque au regard de l'agent de sécurité et de son recteur. Excusez-nous, mais on ne savait pas que la culture était au bout du tissu manquant. Et la fille ne savait pas qu'il s'agissait d'un lieu de culture, sinon elle serait partie ailleurs passer son Capa. La question que l'on se pose est la suivante: si cette fille était celle d'un ministre ou d'un haut responsable ou, mode oblige, d'un homme puissant, le recteur aurait-il osé tenir ces propos? Bien sûr que non. Il aurait congédié son agent de sécurité avant même de demander ce témoignage flou sur lequel il s'est appuyé et il se serait excusé mille fois.
Dans une République, monsieur, il n'appartient pas à n'importe qui de faire n'importe quoi. Nul fonctionnaire n'a le droit à la fetwa de la sorte. Lorsqu'on gère un service public, on est tenu de respecter ce service et les citoyens qui viennent le demander et jamais, au grand jamais, il ne faut s'amuser à ériger les considérations personnelles en standards ou en normes auxquels on doit assujettir les autres. Y a-t-il une loi qui empêche d'entrer dans un établissement en minijupe? Y a-t-il un texte de loi qui oblige les gens à une tenue quelconque?
Pardon de le dire mais la fameuse «tenue correcte» ne signifie absolument rien. Lorsqu'on est au service de l'Etat, il faut se contenter d'être simplement fonctionnaire et un fonctionnaire c'est, comme disait Jacques Brel, un homme qui fonctionne car, sinon, on peut détruire les rêves de quelqu'un même pour un bout de tissu. La preuve.


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