La situation de l'environnement à Béjaïa laisse à désirer. Ce n'est un secret pour personne. A l'incivisme qui règne en matière s'ajoute l'incompétence des autorités locales qui peinent à trouver des solutions et les oppositions citoyennes en vogue dans la région. Dalila Boudjemaâ, désormais ex-ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, a fait le constat jeudi dernier à la faveur d'une visite qu'elle a effectuée dans la région. Le constat est tel qu'elle a été scandalisée, saisissant toute la décadence d'un secteur qui se singularise par la prolifération des décharges sauvages et le blocage systématique par les riverains des projets publics visant la mise en place de centres d'enfouissement technique. Les responsables aux commandes de la wilaya et des différentes localités éprouvent d'énormes difficultés pour redresser la situation. Béjaïa qui occupait la palme d'or durant les années 1980 en matière d'hygiène se retrouve aujourd'hui au bas du tableau. Il n'est pas facile, voire impossible, de retrouver ce lustre d'antan. Pourtant, ce ne sont pas les moyens qui font défaut, l'Etat a inscrit à l'actif de la wilaya de Béjaïa pas moins de 18 opérations pour un montant de près de deux milliards de dinars pour la réalisation. Il s'agit, entre autres, de cinq centres d'enfouissement technique (CET), six décharges contrôlées, un incinérateur et une Maison de l'environnement. Autant de projets qui ne se sont jamais concrétisés. Même les projets qui ont dépassé l'écueil des oppositions citoyennes ne sont toujours pas opérationnels. Une défaillance des autorités qu'l convient de soulever. Le cas du CET de Sidi-Bouderham,qui a fait couler beaucoup d'encre est à ce titre assez illustratif de la responsabilité de ceux chargés de la gestion des affaires publiques. Situé à la sortie ouest de Béjaïa, le CET de Sidi-Bouderham attend toujours l'arrivée des équipements nécessaires pour sa mise en service. Plus grave encore, c'est uniquement maintenant qu'on envoie son responsable pour se former sur la gestion de ce genre de structure. C'est dire tout le déséquilibre entre les différentes parties en relation avec le dossier. Le civisme et la responsabilité, voilà ce qui manque à Béjaïa. Deux facteurs qui laissent le visage de cette région se défigurer au fil du temps. Il faudra encore du temps avant que la situation ne se redresse. Même si une unité privée de récupération de déchets demballage en P.E.T (bouteilles d'emballage en matière plastique) et leur transformation verra le jour incessamment à Oued-Ghir. Un autre projet d'une déchèterie (unité de traitement et de recyclage des déchets), prévue dans le cadre du Calpiref, vient d'être autorisé par les pouvoirs publics. Implanté à Tazmalt, ce projet traitera quelque 14 tonnes de déchets par heure. En attendant, la situation s'enfonce de jour en jour. La plage d'Aokas, commune du littoral Est située à 20 km de Béjaïa, illustre la négligence qui ruine le secteur. Les rejets des eaux usées provenant des habitations se déversent à travers les petits oueds qui aboutissent à la plage. Les estivants auront du mal à se prélasser sur cette plage aux odeurs nauséabondes. Cette commune touristique par excellence est dans une situation alarmante, bien qu'elle dispose d'une station d'épuration des eaux usées, sa capacité de fonctionnement s'avère insuffisante pour traiter toutes ces eaux provenant des circuits d'assainissement sanitaire de la commune. Ce constat amer qui dégrade l'environnement a été à maintes fois signalé à l'approche de la période estivale. Il en est de même pour cette décharge publique sauvage qui longe la RN 09. Un nuage de fumée est omniprésent du matin au soir, chaque jour que Dieu fait. L'état catastrophique de l'environnement est constatable de visu également à Melbou. Il nous livre une image désolante et nous parle en silence. Melbou, une commune côtière située à 40 km du chef-lieu de Béjaia voit ses plages inondées par les déchets rejetés par la mer. Les décharges sauvages sont un véritable fléau à Béjaïa, on en voit partout. Et l'on n'est pas près d'en finir avec ce fléau, tant la situation est complexe.