Vingt affaires en justice guettent insidieusement le correspondant de presse et le noient dans un labyrinthe de procédures. Le tribunal de Djelfa a jugé, hier, le journaliste et militant des droits de l'homme, Hafnaoui Ben Ameur Ghoul, pour quatre nouvelles affaires et qui ont pris pratiquement toute l'après-midi, ce qui a poussé les magistrats à surseoir au verdict, après avoir longuement délibéré, pour le 3 octobre prochain. Les quatre nouvelles affaires en procès, et qui sont venues s'ajouter aux douze déjà jugées, ont été motivées par des plaintes pour diffamation déposées au niveau du tribunal de Djelfa par l'ancien wali, le directeur de la réglementation et des affaires générales, des agents de sécurité de la wilaya et le président de l'APC de M'liliha. Pour le wali, le communiqué rédigé par Ghoul en pleine période électorale (présidentielle d'avril 2004) était diffamatoire à son encontre. Le Drag de Djelfa a, lui aussi, trouvé diffamatoires et insultants les écrits de Ghoul dans la presse. Les deux agents de sécurité de la wilaya de Djelfa affirment que Ghoul ainsi qu'un autre correspondant de presse (ils citent le journaliste Oussama du quotidien arabophone El Chourouk El Yaoumi) ont forcé le passage pour aller voir le chef de cabinet du wali. Enfin, le président de la commune de M'liliha a porté plainte pour propos attentatoires au sujet d'un écrit de Ghoul dans lequel ce dernier affirme que le maire a menacé deux citoyens à l'aide de son pistolet. En fait, Ghoul avait simplement décrit ce que les deux citoyens avaient dit et écrit avec signature et fac similé, leurs cartes d'identité à l'appui. Le détail de chaque affaire est tellement insignifiant et complexe à la fois que le journaliste sera noyé dans un labyrinthe de procédures judiciaires sans qu'il lui soit possible de trouver à redire. La machine judiciaire avait démarré contre lui, il y a cinq mois, et la «chasse au Ghoul», très médiatisée au début, a fini par ne constituer qu'un fait divers, tellement dérisoire à côté des enjeux politiques et des positionnements médiatiques auxquels on assiste, éberlués, lucides et impuissants à la fois. Il est dit que Ghoul subisse les contrecoups de ses prises de position par trop populistes et encaisse les lois codifiées des vainqueurs. Il doit, cependant, se battre seul pour retrouver sa liberté, car de son côté, la presse, qui l'avait si ardemment soutenu et applaudi, est aujourd'hui presque dans la même situation.