Alors que la violence tue toujours, près de 40 morts ces dernières 48 heures, l'administration Bush se dit favorable à une conférence sur l'Irak. L'Irak demeure encore et toujours au faîte de l'actualité internationale tant par la violence qui y persiste que par le sort incertain des nombreux otages (Irakiens et étrangers) détenus par des groupes islamistes. Par ailleurs, il a été enregistré un certain recul de l'administration Bush à propos d'une conférence internationale sur l'Irak, dont elle en accepte désormais le principe. Samedi, 15 Irakiens ont été tués, et 33 autres blessés, à Falloujah, la ville rebelle sunnite, lors d'un énième raid de l'armée américaine sur de supposés refuges des partisans de l'islamiste jordanien Abou Moussab Al Zarqaoui. Un attentat contre un casernement de la Garde nationale s'est soldé par la mort de sept candidats à ce service de sécurité et causé des blessures à plusieurs autres. Les casernes de la police et de la Garde nationale ont constitué, ces dernières semaines, des cibles privilégiées pour la guérilla irakienne. A Latifiya, au sud de Bagdad, un convoi de transport de carburant, escorté par des éléments de la Garde nationale, a été attaqué hier sur la route reliant cette ville à Hilla, chef-lieu de la province, faisant dix morts et une trentaine de blessés. De fait, entre samedi et hier, une quarantaine d'Irakiens ont été tués et plusieurs dizaines d'autres blessés. Par ailleurs, cinq soldats américains ont été tués lors des dernières 24 heures. Ces décès portent à 1 044 le nombre de soldats américains tués depuis l'invasion de mars 2003. Aussi, loin de s'améliorer, la situation sécuritaire en Irak ne cesse de se détériorer depuis le début de l'été et, seuls Bush et son administration tentaient, contre toute évidence, de faire croire le contraire. Toutefois, le président George W. Bush a fini par accepter la réalité de cette situation en admettant, lors de son discours hebdomadaire à la Maison-Blanche, que «de sérieux problèmes subsistaient» dans plusieurs villes irakiennes, estimant que «La guerre pour la liberté de l'Irak est un combat contre des hommes parmi les plus brutaux et les plus impitoyables qui existent sur Terre». Donc tout ne va pas aussi bien que l'administration Bush le laisse supposer alors que depuis plusieurs mois le chaos est maître en Irak faisant planer le doute sur l'organisation des élections générales irakiennes prévues pour janvier. Et c'est dans la perspective de légitimer ces élections que la Maison-Blanche a fini par faire marche arrière et accepter que soit organisée une conférence internationale, conférence que les Européens, et notamment Moscou, proposaient depuis près d'une année. Même le candidat démocrate américain s'est inscrit dans cette optique en militant pour une telle réunion afin de faire sortir les Etats-Unis de l'isolement où ils se trouvent sur l'Irak. Aussi, en se ralliant à l'idée de son adversaire démocrate, George W.Bush, fait-il gagner, par défaut, un point au candidat John Kerry dans la course à la Maison-Blanche. De fait, dans une interview au New York Time, parue samedi, le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, déclarait en effet «Nous voulons une réunion qui rassemble tous les dirigeants irakiens et le G8, en espérant qu'elle puisse se tenir à un moment donné en octobre». Ajoutant, «Plusieurs autres pays du Proche-Orient, y compris l'Iran, (seraient présents à cette conférence)» laquelle selon le New York Time aura pour objectif de «faciliter la tenue des élections législatives» prévues en janvier 2005. Toutefois, cette conférence internationale, -dans le cas, certes, où elle aurait lieu-, outre d'intervenir à quelques semaines des présidentielles américaines, ce qui peut être fâcheux pour le candidat Bush, marginalise encore une fois l'ONU, car, selon Colin Powell, cette conférence sera placée sous l'égide du G8, rassemblement de pays riches, qui ne sont certes pas les Nations unies, encore une fois frustrées de leur rôle dans la gestion des crises internationales, au profit d'un groupe de pays dont le maître d'oeuvre est les Etats-Unis. Sur ce fond de traction sur le devenir de l'Irak, demeure l'affaire des otages dont aucune nouvelle n'a confirmé, jusqu'à hier, s'ils ont été tués ou s'ils sont toujours vivants, plaçant ainsi leurs familles et proches entre l'espoir et l'angoisse, notamment en ce qui concerne les otages britannique et Italiennes, menacés de morts.