Les gardes communaux ne décollèrent pas Suite à l'assassinat de quatre de leurs collègues à Batna, les patriotes décident de réinvestir le terrain même durant le mois de Ramadhan. Abandonnés à leur propre sort, les patriotes ne semblent pas près d'abdiquer. Bien au contraire. «Ceux qui disent que pour tuer une question, il suffit de la confier à une commission, ne se trompent pas», regrettent certains patriotes que nous avons interrogés et qui considèrent que la mise en place d'une commission interministérielle pour étudier leur plate-forme de revendications afin d'y trouver des réponses concluantes n'a fait que «noyer le poisson». D'où la radicalisation en cours du mouvement. En effet, depuis la dernière réunion tenue entre la Coordination nationale des patriotes avec la commission interministérielle où siègent des représentants des ministères de la Défense, de l'Intérieur, du Travail, de la Solidarité ainsi que de la Caisse nationale des retraites et durant laquelle les patriotes ont eu droit à un rejet de leurs revendications par cette dernière qui continue à affirmer que «les patriotes n'ayant pas cumulé sept ans et demi dans la résistance et qui ne sont pas chômeurs, n'auront droit à aucune indemnité», la CNP redouble d'actions sur le terrain. C'est dans ce sillage qu'une marche a été d'ailleurs organisée de Boufarik à Alger le 20 avril dernier, avant d'être stoppée par les forces de l'ordre. Le mouvement des patriotes, dont une partie est alléchée par certaines offres de la commission interministérielle, notamment ceux dont les profils répondent aux critères exigés par les autorités, a failli se diviser, ce qui a entraîné une mise à l'écart de l'ex-coordinateur, Mohamed Louzri. Mais, cette tentative de fragmentation de la coordination a provoqué l'effet inverse et depuis, une opération de restructuration massive est engagée dans toutes les régions du pays. Dans les quatre coins du pays, des réunions de patriotes sont organisées cycliquement pour préparer des réunions régionales. En effet, le 7 du mois en cours s'est tenue une réunion à Bordj Bou Arréridj, à laquelle ont pris part des représentants de plusieurs wilayas, notamment dans l'est du pays. Une autre réunion s'est tenue à Bouhnifia, dans la wilaya de Mascara, pour évaluer la situation, réaffirmer les mêmes revendications et avaliser un plan de structuration le 14 du même mois. Un troisième conclave s'est tenu le samedi 16 mai à Bouira, en présence de délégués de 22 wilayas. Lors de ce conclave, une minute de silence a d'abord été observée à la mémoire des quatre patriotes assassinés et brûlés vifs le 12 mai à Merouana, dans la wilaya de Batna. Ensuite, le cap a été mis sur la nécessité, devenue «absolue face à la sourde oreille affichée par les autorités», de structurer le mouvement des patriotes pour faire aboutir leurs revendications. «Rappelez-vous que les gardes communaux n'avaient arraché leurs droits qu'après avoir mobilisé plus de 25.000 gardes communaux à Alger», a déclaré, entre autres, Ali Bouguettaya, nouveau porte-parole de la Coordination nationale des patriotes. Par ailleurs, toujours pour renforcer leur structure, y faire adhérer le maximum d'éléments possibles et pérenniser leur présence sur le terrain et dans le paysage sociopolitique national, les patriotes, qui sont officiellement au nombre de 116.000,comptent aussi tenir un conclave de haut niveau à Tizi Ouzou le vendredi 22 mai. Lors de cette réunion à laquelle sont conviés les délégués de toutes les wilayas du centre, une feuille de route sera élaborée et avalisée. «Il ne s'agit plus d'agir au jour le jour. Nous allons nous structurer pour faciliter la communication entre l'ensemble des patriotes pour éviter toute tentative d'affaiblissement du mouvement... et nous allons par la suite y mettre la pression nécessaire pour obtenir gain de cause», nous explique-t-on de l'intérieur de la CNP.