Une cinquantaine de Patriotes, pour la plupart des délégués de wilaya, activant sous la coupe de la Coordination nationale des Patriotes, se sont rencontrés hier à Bouira dans un café de la ville pour discuter des actions à entreprendre pour faire entendre leurs voix et arracher leurs droits. Des droits qui butent actuellement au niveau de la commission mixte dans laquelle siègent des représentants de cinq ministères : la Défense, le Travail, l'Intérieur, les Finances et la Solidarité, et qui en est à la cinquième rencontre depuis décembre dernier, avec les représentants de ces Patriotes activant sous l'égide de la Coordination nationale des Patriotes, l'unique organisation reconnue par le pouvoir et qui est en train de négocier au sein de cette commission. Aussi, c'est suite aux lenteurs dans les traitements des dossiers – le coordinateur national parle de 84 dossiers étudiés sur 2 865 déposés – et surtout à la différence d'interprétation de textes de loi, que la Coordination s'en est remise à la base pour la remobiliser et faire pression sur le pouvoir. «Rappelez-vous que les Gardes communaux n'avaient arraché leurs droits qu'après avoir mobilisé plus de 25 000 Gardes communaux à Alger». Ali Bouguettaya, l'un des coordinateurs les plus en vue et qui vient d'être plébiscité comme coordinateur national à l'issue de cette rencontre, s'est longuement attardé sur les voies et moyens de faire pour rassembler le maximum de Patriotes à l'échelle nationale pour que, «ensemble, nous pourrons arracher tous nos droits», dira-t-il. Des droits qui se résument surtout autour de la retraite anticipée dont beaucoup de Patriotes se voient exclus pour la simple raison qu'ils n'ont pas atteint l'âge de 50 ans alors que dans la réalité, aucun texte ne limite l'âge pour percevoir cette retraite anticipée. Ou encore, au nombre d'années de mobilisation ; un point de discorde pour lequel l'article 77 de décembre 2013 stipule que toute personne ayant participé aux côtés de l'ANP dans la lutte antiterroriste, ouvre droit à une retraite. Dans cet article, rappelle Bouguettaya, il n'a jamais été question du nombre d'années d'exercice aux côtés de l'armée alors que la commission exige une mobilisation de 7 années et demie pour ouvrir droit à la retraite. Le troisième point évoqué est celui des Patriotes qui avaient rejoint les rangs de l'ANP sous forme de détachés, car ayant des fonctions avant leur engagement, ainsi que les militaires et autres gendarmes en retraite et ayant servi comme Patriotes. Aujourd'hui, les Patriotes exigent à ce que ces personnes qui ont été détachées perçoivent une retraite anticipée au même titre que les autres Patriotes car ayant vécu les mêmes risques et combattu de la même manière le terrorisme. L'autre catégorie pour laquelle la coordination se bat concerne ces milliers de Patriotes qui ont lutté aux côtés de l'ANP mais qui n'ont jamais perçu un sou. «Ils sont, selon Bouguettaya, plus de 32 000 sur les 116 000 Patriotes recensés à l'échelle nationale à avoir vécu cette situation». Les Patriotes exigent également une carte chifa à 100%, et demandent à ce que ceux blessés ou handicapés, ainsi que les orphelins des Patriotes tombés au champ d'honneur, aient la priorité pour les soins à l'hôpital Aïn Naâdja. Enfin, les présents demandent également la revalorisation des pensions de retraite perçues par les veuves des Patriotes tombés en martyrs du devoir, et qui est de 16 000 dinars par mois, celles des Patriotes blessés qui perçoivent une pension mensuelle de 5 300 dinars et des handicapés qui perçoivent entre 11 et 16 000 dinars. Des pensions indécentes, qui n'atteignent même pas le SNMG. Cela étant, rappelons qu'au cours de cette réunion préparée par le coordinateur de wilaya, Samir Hamoudi, les coordinateurs des 22 wilayas présentes qui ont élu à l'unanimité Bouguettaya Ali comme coordinateur national, ont également avalisé la proposition d'exclure de leurs rangs deux coordinateurs de Blida, Sellami Tahar et Louzri Mohamed.