Sur 58 milliards de DA d'importations, à peine 20 produits sont concernés. Il est fort à craindre que la forte demande en produits alimentaires, généralement constatée pendant le mois sacré du Ramadhan pour ne pas faillir à la règle, ne fasse exploser les prix outre mesure pendant cette période où l'Algérien Lambda est saigné à blanc par des commerçants véreux avides de s'enrichir rapidement. C'est pourquoi le ministère du Commerce et l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta) ont organisé hier à Alger une cérémonie de lancement d'une opération visant l'organisation de marchés spécifiques. Cette opération a été donc lancée hier par le ministre du Commerce Amara Benyounès en présence de son collègue de l'Agriculture Abdelkader Kadi, du secrétaire général de l'Ugta, Abdelmadjid Sidi Said, et divers hauts responsables des départements de l'industrie, de la pêche et des ressources halieutiques et de l'artisanat. Parmi ce panel de décideurs économiques se trouvait également Mohamed Alioui, secrétaire général de l'Union des paysans algériens (Unpa) et autres chefs d'organisations patronales d'envergure nationale comme Habib Yousfi de la Cgea (Confédération générale des entreprises algériennes) et Hadj M'henni de la Cipa (Confédération des industriels et producteurs algériens). L'organisation de marchés dits «spécifiques» vise essentiellement à assurer l'approvisionnement direct, soit du producteur au consommateur-citoyen en produits de large consommation sans être triturés par les mains mafieuses des intermédiaires fortement dénoncés par le ministre Benyounès. Le pouvoir d'achat du citoyen n'est pas en reste dans cette action qui se décline sous le slogan «Ramadhan 2015: consommons algérien». Aussi, afin d'assurer la réussite de cette opération «coup de poing», l'ensemble des industriels et des producteurs sont invités à y contribuer massivement à travers un approvisionnement régulier de ces espaces «marchés spécifiques» et surtout à des prix raisonnables. «Concernant les produits essentiels dont les prix sont réglementés, nous serons intraitables», a d'ailleurs souligné le ministre. Dans son intervention hier, à cette occasion, le ministre du Commerce a fustigé les «stockeurs» de marchandises importées pour manipuler le marché à leur guise et faire exploser la demande en dépit de l'offre, deux facteurs moteurs de régulation d'un marché. Benyounès s'est montré fort étonné que sur un montant de 58 milliards de dinars d'importations, à peine 20 produits sont concernés par les licences d'importation! Il citera le ciment, les véhicules et les aliments du bétail dont les factures, a-t-il estimé, sont salées. Il lancera cependant que «l'Algérien continuera à consommer de la banane et du kiwi, vu que leur note d'importation est peu importante». C'est en s'exclamant: «Entre l'Algérie et les lobbies, je choisis l'Algérie» que le ministre a conclu son intervention. En fait, c'est là un acte de solidarité sociétale entre Algériens qui s'opère, constituant une occasion pour l'amélioration de l'offre et de la qualité du produit national tout en procédant à une mise en relation des différents opérateurs nationaux intervenant sur le marché, en assurant une rationalisation effective des importations. En un mot, cette stratégie devra permettre la fin de la dépendance de notre économie des seules recette tirées des hydrocarbures. Quant au crédit à la consommation, Amara Benyounès a révélé que le décret y afférent a été signé et sera effectif avant le mois de Ramadhan prochain. A propos des marchés de proximité qui seront ouverts durant le mois de jeûne, le ministre a assuré que jusqu'à l'heure actuelle, 175 sites ont été répertoriés. Ils viendront s'ajouter au traditionnel marché de l'Ugta de la place du 1er Mai et à l'espace mis à la disposition des producteurs et des fellahs au siège de la Safex. Ces marchés proposeront non seulement des denrées alimentaires, mais aussi des articles électroménagers dont le souci des pouvoirs publics consiste à offrir au consommateur des prix préférentiels et à encourager la production nationale. Pour Alioui, dont la position reste plutôt réservée, il a proposé en guise de parade à la flambée des prix, que l'Etat puisse aussi imaginer des marchés quotidiens mettant côte à côte les fellahs et le consommateur.